Les contrats d’avenir présentés aujourd’hui, qui s’en inspirent, sauront-ils éviter cet écueil, en restant réservés véritablement aux jeunes les plus en difficulté ? Contribueront-ils vraiment à leur insertion durable ? J’en doute fortement. Le marché du travail ne se montre déjà pas en capacité d’intégrer ces jeunes à cause de l’insuffisance d’emplois peu qualifiés, et cela depuis plus de vingt ans. Alors, vous pensez, en période de crise et de raréfaction des emplois, quel avenir pour nos jeunes ? Considérer qu’alors qu’ils sortent du système éducatif, il suffirait de les former (à moindre frais probablement, et donc sur des formations courtes, d’autant plus que la durée minimale possible est d’un an…) pour que le problème soit résolu m’apparaît naïf et illusoire.
Il serait en outre intéressant, comme l’UGICT-CGT se le demande, de savoir si ces contrats, déjà dérogatoires au droit commun, ne seront pas de nouveaux contrats précaires qui se substitueraient à d’autres emplois ou recrutements prévus. Je me posais moi-même la question. De plus, ces contrats d’avenir, ciblés sur les collectivités territoriales, entreront en contradiction avec la loi du 12 mars 2012, qui prévoyait de limiter les emplois de contractuels dans la fonction publique afin de lutter contre le phénomène de précarité dont souffre ce corps d’Etat.
De toute façon, par delà cette mesure qui risque fort de se révéler anecdotique et qui n’entamera en rien sauf à la marge le chômage de masse des jeunes, c’est selon moi tout notre système économique qu’il s’agit de réformer. Et tant qu’il sera basé sur la seule recherche de profit à court terme au détriment de toute autre considération, notamment d’équilibre sociétal, nous ne verrons pas le bout de ce chômage récurrent, qui à présent ne touche plus seulement les jeunes, mais toutes les populations, y compris les plus qualifiées. L’emploi se fait de plus en plus rare, ceux qui en cherchent le savent bien, et ce ne sont pas ces contrats qui y changeront quoi que ce soit.
Mais il est probable que d’habiles commentateurs pourront toujours se rassurer avec la théorie du « c’est toujours mieux que rien »… Ce rien dont notre société se contente depuis trente ans. Et toi, ami lecteur, à quand ta prochaine charrette ?