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Vient de paraître : L'armée libanaise pendant la guerre, un instrument du pouvoir du président de la République (1975-1985)

Par Theatrum Belli @TheatrumBelli

L’armée libanaise est fondée lorsque l’autorité mandataire française transmet le contrôle de la 5e Brigade Spéciale de Montagne aux autorités libanaises, le 1er août 1945. Elle est mise sous les ordres du général Fouad Chéhab. 

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Petite de par sa taille, faiblement équipée, ne disposant pas d’Aviation ni de Marine à ses débuts, l’armée libanaise naissante est confrontée au premier conflit israélo-arabe de 1948, auquel elle prend part aux côté des pays arabes contre l’Etat d’Israël nouvellement créé. C’est ainsi qu’elle obtient une victoire, mi-mai 1948, à Malikiyé, face aux militaires israéliens. Ce sera la seule participation de l’armée libanaise au conflit israélo-arabe. 

Devant les difficultés rencontrées lors de la bataille par l’absence d’aviation, le général Chéhab décide d’entamer un programme visant à développer les capacités de l’armée libanaise en la dotant d’un matériel et d’un armement plus récent, et surtout en créant une armée de l’air, en 1949. Un an plus tard, l’armée libanaise se dote d’un embryon de Marine. 


En 1958, le Liban est confronté à une première guerre civile, et le général Chéhab refuse de faire participer l’armée libanaise aux combats internes. En effet, l’armée n’intervient dans les combats que pour protéger les institutions économiques et politiques de l’Etat ainsi que ses centres vitaux. 

Suite à la guerre civile de 1958, le général Chéhab est élu président de la République. Ce dernier s’attèle à moderniser et à décentraliser les institutions de l’Etat libanais, ainsi qu’au renforcement des capacités de l’armée libanaise en matière de l’armement et de l’entraînement. 

Le 31 décembre 1961, le Liban est face à un coup d’Etat organisé par le PSNS et appuyé par deux officiers de l’armée libanaise. Ce coup d’Etat échoue, et le président Chéhab s’attèle à renforcer le Deuxième Bureau, afin que ce dernier soit apte à protéger le pouvoir de tout nouveau coup d’Etat.

A partir de 1969, la situation entre l’armée libanaise et la Résistance palestinienne commence à se détériorer. L’Accord du Caire qui tente de règlementer la présence armée palestinienne est quotidiennement violé, et devient prétexte à de nombreux affrontements entre les fedayin et les militaires libanais. 

Nous avons choisi d’aborder le thème de l’armée libanaise entre 1975 et 1985 car ce thème est un sujet très rarement évoqué dans les travaux universitaires qu’il nous a été donné de lire et de consulter. C’est donc un sujet innovant sur lequel il y a encore beaucoup à faire. En effet, la plupart des milices qui ont participé à la guerre du Liban ont fait l’objet d’études les concernant, alors que l’armée libanaise en tant qu’acteur et enjeu dans cette guerre a été le plus souvent occultée.

Nous avons choisi d’arrêter notre travail en 1985 car cette année, le retrait israélien du territoire libanais est en train de s’achever, à l’exception de la "ceinture de sécurité" dans la zone frontalière au Liban-Sud. Ce retrait redessine les cartes au Liban, au détriment de l’armée libanaise. 

A travers nos recherches, nous avons voulu répondre à la question suivante : l’armée libanaise fut-elle un acteur de la guerre ? Elle en fut certainement un des enjeux, et ce avant même le début de la guerre. En effet, l’armée est une force militaire qui a des moyens militaires certes peu importants comparés à d’autres armées dans la région, mais des moyens dont les milices actives au Liban pendant la guerre ne disposaient pas, comme une Marine, une aviation ou encore des ressources institutionnelles.

Notre hypothèse c’est qu’elle fut utilisée comme instrument du pouvoir du président de la République pour s’imposer face aux milices libanaises et aux forces étrangères présentes sur le territoire national. 

Nous avons divisé notre travail en trois chapitres. Nous étudierons dans le premier chapitre l’enjeu que constitue l’armée, un facteur de division nationale.

Puis nous étudierons dans le deuxième chapitre l’enjeu du contrôle par l’armée du Liban-Sud et des régions Est.

Enfin, dans un troisième et dernier chapitre, nous étudierons les moyens mis en place afin de renforcer l’armée libanaise et lui permettre de contrôler la sécurité dans l’ensemble du pays. 

Pour cerner notre sujet, nous nous sommes aidé de divers supports. Nous avons consulté des ouvrages sur le Liban, et la guerre de 1975-1990, ainsi que des ouvrages spécialisés en histoire militaire. Nous nous sommes également servi de divers quotidiens, magazines et revues libanais et étrangers qui ont abordé le sujet de l’armée libanaise. nous nous sommes aussi penché sur l’étude des photographies publiées sur les sites spécialisés en matière de Défense afin de constater les différents changements survenus au niveau de l’équipement, du matériel, des armements et des uniformes tout au long des diverses phases de la guerre. Il nous a en revanche été impossible d’accéder à des rapports internes de l’armée (dont certains évoqués dans ce mémoire), car ces archives ne sont publiques. Nous avons tenté de suppléer cette lacune en ayant recours à des entretiens oraux. Nous comptions mener un grand nombre d’interviews afin de croiser les sources et les informations, de sorte à pouvoir rendre compte des avis d’acteurs militaires divers. Malheureusement, le sujet de l’armée libanaise dans la guerre étant très sensible encore de nos jours, nous avons essuyé beaucoup de refus. Aucun des officiers musulmans sollicités en particulier n’a accepté de se plier à l’exercice de l’entretien de recherche, lacune qui pèse sur notre connaissance de l’armée "à l’Ouest" pendant la guerre. Ainsi, les militaires interrogés sont tous quatre des généraux chrétiens. Nous ne citerons pas leurs noms pour respecter leur volonté de témoigner anonymement.

Ces entretiens ont été complétés par des témoignages écrits par des acteurs de la guerre, des militaires et des non-militaires, hommes politiques ou miliciens. Nous citons en particulier les mémoires de Fouad Boutros et de Sélim el-Hoss, et ceux des généraux Aziz el-Ahdab, Fouad Aoun et Sami el-Khatib.

Nous avons également eu recours, de manière ponctuelle, au dépouillement de journaux et revues. Du fait que des sources consacrées exclusivement à l’armée libanaise et à son histoire durant cette période n’existent pas, la vérification de certaines informations a été difficile, et a nécessité de nombreuses heures de recherche et de dépouillement des quotidiens, revues et magazines.

Le manque de sources parlant de l’armée libanaise à l’Ouest nous a poussé à nous concentrer essentiellement tout au long de notre travail sur l’armée à l’Est. En effet, toutes les sources que nous avons pu consulter et les interviews que nous avons pu faire n’évoquent pad l’armée libanaise dans la partie Ouest. C’est pour ces raisons que l’armée basée à l’Ouest ne commence à être évoquée dans ce travail qu’à partir de 1982, et très partiellement.

Joseph HOKAYEM

Redacteur-en-chef adjoint de la Revue Défense Nationale (en version arabe)

Administrateur du site : Histoire de l'armée libanaise (1945-2012)

Vous pouvez vous procurer cet ouvrage en version e-book en cliquant ICI, et dans sa version papier en cliquant ICI.


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