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Les 50′s cambodgiennes

Publié le 08 août 2012 par Cambodiaexpat @Cambodiaexpat

Au détour de la rue 178, mon regard est arrêté, que dis-je, interpelé, par une affiche publicitaire.

En France, mon père était agent de voyages. C’était à l’époque où chaque périple se concevait sur mesure, où l’on partait en croisière transatlantique et pour aller plus près on prenait la SNCF à vapeur pour se rendre dans une station balnéaire. Une belle époque, celle des années 50 et 60, où l’avion était encore (un peu) à hélice et le train (un peu) à vapeur.Lorsque je parcours une brocante, je suis toujours sensible à ces affiches de promotion de “la Société des Bains de mer de Deauville” ou de la destination “Afrique Orientale par Air France”. Des illustrations magnifiques, on rêve encore de ces voyages où le temps n’a pas d’importance, flânant entre deux étapes.Rue 178, à Phnom Penh, voici une affiche dans le même style. Un brin colonial, une idéalisation du Cambodge via Apsara et Angkor. Mixée avec des bons au porteur, des certificats et des cartes d’époque, cela donne une ambiance rétro très agréable. Les 50′s cambodgiennes

Poésie, couleurs et charme, c’est hier et aujourd’hui

Je m’approche de cette galerie qui vient d’ouvrir. Un cambodgien est nonchalamment installé dans un gros fauteuil qui devait, à une époque, être design. Je le salue d’un “suo sdey” souriant. Pas de retour. Bon, je visite, on verra plus tard. Des oeuvres magnifiques de peintres, de sculpteurs et de photographes sont présentées dans cette alcôve. Un petit bar à l’étage. Superbe et tranquille.Je redescends et retrouve Apsara. Une icône sensible et naïve renvoyant à un certain Cambodge, un peu loin et en même temps tout prêt.Finalement rien n’a vraiment changé. Il est toujours possible de voir Apsara dans de remarquables petits théâtres (dont Sovanna Phum rue 99 à Phnom Penh et l’école Apsara Art Association, rue 598, menacée), le Palais Royal brille d’or et de richesses incomparables et Angkor est toujours rempli de ses regards troublants. Et cette distance, ce calme…Ce qui a changé, c’est le voyageur. En quelques jours il tente de remplir son esprit (ou plutôt son appareil photo numérique) de tout ce qui est possible tout en vidant sa bourse (pour certains, ce sont plusieurs bourses vidées – vous voyez ce que je veux dire). 4 jours, on voit puis on s’en va. Apsara restera, le touriste ne sera pas le voyageur des 50′s : sa soirée diapo insupportable, ses heures passées à monter ses vidéos et à faire l’album feront partie du temps du voyage. Mais de quel voyage ? Le souvenir et l’émotion de l’affiche sont bien loin et ne se laissent capturer que par un regard ouvert, disponible et, surtout, qui a le temps.Je suis parti sans l’affiche, je la garde en mémoire. Je vous l’apporte juste pour votre plaisir.

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