- que certains pensent que les saveurs de base sont au nombre de quatre. Sucré, amer, acide, salé ! Grave erreur ou méconnaissance coupable, notamment, peut-être s’en cache-t-il parmi vous, pour les aspirants cuisiniers qui auraient voulu tenter de remporter un chèque de 100 000 euros sur M6 ou TF1 face aux yeux scrutateurs et censeurs des chefs-juges du jury toqué, et déjouer les épreuves intermédiaires savamment concoctées par les concepteurs fourbes et sournois des programmes à l’audimat grassouillet en cette époque où les téléspectateurs regardent leur écran derrière une assiette vide, les commissures salivées et l’estomac glougloutant, croyant, certainement fallacieusement, que la nourriture de l’esprit, si tant est que ce genre d’émissions en fût, puisse remplacer les calories manquantes. Y’en a cinq, pas quatre, des saveurs ! Ceux-là qui croivent savoir tout se trompent le doigt dans l’œil car parce que y’a l’umami aussi, c’est ça que je parle ! Il désigne un goût plaisant de bouillon ou de viande avec une sensation durable et appétissante, et provoque la salivation et l'impression que la langue est comme de la fourrure, en stimulant la gorge, le palais et le dos de la langue. Ce n’est pas pour autant qu’on en perdrait son latin, mais manger du vison à la louche, l’expression ne m’est pas familière. On serait néanmoins à deux doigts d’une déroute des perceptions linguales. En autotest, je suis à la limite de la luxation, pour ma part ! D’autres sensations buccales ne sont pas des saveurs. Ah non ? Voilà que je me surprends moi-même ! J’ai envie de m’en dire plus ! Le piment rouge est responsable du piquant, mais pas moins que l’oursin avalé à brûle-pourpoint, on n’apprend rien ici ! Les artichauts, le thé ou les vins rouges rendent la bouche rugueuse, sèche et pâteuse, sensation appelée astringence, décrite aussi comme une crispation des muqueuses, groupe nominal des plus litigieux dont je redoute ma propre interprétation que je garderai subséquemment secrète ! Comment percevoir sans concevoir écrivit Kant. Vous avez lu, vous avez conçu, ne manque que le perçu ! Percevons, percevez, donc !
- que le premier ministre, au 20 heures, a recadré un ministre qui a eu une prise de bec avec un(e) de ses collègues, que Johnny a une santé vacillante, que le président est impopulaire, rabougri sous la barre des 50% de confiance, qu’on expulse des Roms, que des politiques cumulent encore et toujours, que le chômage a augmenté en juillet, qu’on a vu des photos du couple présidentiel en maillot de bain, que des hommes connus sont morts, que l’essence est trop chère, que la droite accuse la gauche de ceci, que la gauche accuse la droite de cela, et donc que nous sommes à l’été 2011. Ou en août 2012 ? Bah non, 2011, si je lis ce que j’écris. Mais si, 2012, puisque mon calendrier me le confirme ! Alors rien ne change. Citons Kant qui s’interroge et interrogeons-nous avec lui ! Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? Pensons, pensez, donc !
- qu’au sens botanique, la fraise est un faux-fruit. Les véritables fruits des fraisiers sont les akènes, les petits grains disposés sur la partie charnue rouge que l’on mange. Remet-ce en cause les cinq fruits et légumes ? Déjà qu’on savait pour le double jeu de la tomate ! Doit-on douter de l’envie de fraises des femmes enceintes, et l’appeler désir d’akènes. C’est quand même moins chic, avouons-le ! Si chaque fois qu’on lit une info par ci, une info par là, on joue au chamboule-tout cérébral, on va perdre nos repères, voire même nos repaires, ces refuges lexicaux, ces antres sémantiques, ces savoirs dont on est sûrs même si on n’a pas le nez dessus ! Nous faut-il de l’intangible pour ne pas vaciller ? Le déséquilibre remet-il d’aplomb ? De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n'est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est la bonne volonté, ajouta Kant. Alors commençons par ça, commencez par ça, donc !