Les joies de la colocation… en attendant de se crêper le chignon !
Si le tome précédent invitait encore à suivre trois histoires en parallèle, la trajectoire des trois filles semble dorénavant unie. Violette, qui avait largué son petit copain pour se retrouver chez ses parents, perdue entre un job à mi-temps au labo d’analyse de sa mère et un avenir incertain, Hélène, qui délaissait sa vie de couple au profit d’une thèse qui monopolisait son temps et ses pensées, et Lila, qui s’était fait surprendre dans les bras du copain de sa colocataire et tentait depuis de recoller les morceaux avec cette bande d’amis qui lui tourne dorénavant le dos, se retrouvent désormais colocataires. Si le lecteur avait déjà l’avantage de bien les connaître, elles se découvrent ici au fil des pages. Si ce nouveau départ est accompagnée de beaucoup d’enthousiasme, la colocation ne tarde pas à créer quelques tensions. L’appartement a beau être divisé en trois, chacune doit encore marquer son territoire.
À l’instar de Bastien Vivès (Le goût du Chlore, Dans mes yeux, Amitié étroite, Polina) et de Thomas Cadène (Les autres gens), Merwan s’intéresse donc aux questionnements de jeunes adultes en manque de repères, cherchant encore leur place dans la société. Usant de dialogues parfaitement ciselés et passant continuellement d’un personnage à l’autre, il parvient à rendre ce quotidien somme toute banal, assez intéressant à suivre. Si ces histoires post-adolescentes, parsemées de déconvenues amoureuses, de problèmes familiaux et de déboires estudiantins, n’ont rien d’extraordinaire, l’auteur parvient néanmoins à accrocher le lecteur en restituant ces aléas du quotidien avec justesse et sincérité. Derrière l’optimisme et le succès apparent de cette colocation, le lecteur décèle ainsi progressivement la fragilité de cet équilibre, d’abord exprimée à travers des non-dits, mais de façon de plus en plus explicite au fil des pages.
La mise en scène quasi cinématographique accompagne brillamment cette trilogie qui s’invite de manière intimiste dans la destinée de ces trois jeunes filles. En saisissant les regards et en accentuant les non-dits, l’auteur parvient à distiller les sentiments qui accompagnent cette phase de transition, faite de bonheur et de déceptions, ou l’existence se forge.
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