Le PQ propose de relever de 24 à 28% le taux d'imposition sur les revenus qui excèdent 130 000$. Le taux grimperait à 31% sur les revenus au-delà de 250 000$. Près de 144 000 salariés seraient concernés. Un contribuable qui gagne 250 000$ par année subirait une augmentation d'impôt de 4800$ par année. Et un salarié qui gagne 400 000$ devrait verser 15 300$ de plus par année. Une synthèse des impacts de toutes les mesures fiscales dans le tableau à la fin de l’article.
Les mesures proposées par les deux partis visent à rehausser l’équité fiscale, amener les riches à faire leur « juste part ». Tout le monde reconnait les inégalités de plus en plus grandissantes entre riches et pauvres dans nos sociétés. L’OCDE a alerté les gouvernements occidentaux sur la question. Des médecins canadiens et québécois ont même lancé un mouvement pour demander aux gouvernements le niveau d’imposition des riches dont le leur. Le mouvenent est accessible sur le site : http://doctorsforfairtaxation.ca. Mêmes les Américains dont 52% de riches trouvent que les riches ne contribuent pas assez à l’effort collectif. C’est de moins en moins une demande de gauchistes qui bouffent du « riche » au souper.
La pertinence sociale d’une augmentation des impôts des riches est largement acceptée et acceptable. Mais c’est dangereux de le faire parce que cela risque de les faire fuir chez le voisin clament certaines voix discordantes. La rhétorique est toujours la même : à chaque fois qu’on parle de hausser l’imposition des riches, certaines personnes brandissent le risque de l’exil économique sur la base de toute sorte d’hypothèses biscornues. Je lisais plus tôt dans la presse que certains riches québécois pourraient lorgner du côté de l’Ontario.
Est-ce vraiment réaliste pour un Québécois gagnant 250 000$ de s’enfuir comme un voyou vers l’Ontario pour économiser 4 800$ d’impôts?
A mon humble avis, le riche québécois n’a aucun ou a très peu d’intérêt à aller se cacher en Ontario pour plusieurs raisons : - La décision de déménager dans une autre région est lourde de conséquences sur le plan social, familial et culturel. Abandonner sa terre natale, son réseau d’amis, sa famille élargie, ses habitudes pour recommencer sa vie ailleurs ne peut se prendre sur la seule base d’économie de quelques milliers dollars en impôts. - Et puis, n’est-ce pas immoral de profiter des avantages du système pendant toute sa vie : services, scolarité, université peu coûteuse… pour ensuite détaler comme un voleur dès que survient le moment d’apporter sa pierre à l’édifice. Ok, je vais arrêter de faire de la morale à deux sous. Ce n’est pas avec cela qu’on empêchera un égoïste d’être lui-même. Parlons en termes d’avantages ou de désavantages pécuniaires.
Pourquoi ne pas rajouter le coût de la vie en Ontario dans l’équation?
L’économie d’impôts de 4 800$ suffira t-il à notre déserteur pour compenser les coûts marginaux de services plus chers, de la maison plus coûteuse, des taxes municipales plus élevés, des services de garde plus coûteux. Il est évalué que le coût de la vie est plus élevé en Ontarion qu’au Québec de plus de dix pour cent. Le coût moyen d’une maison au Québec est de 228 184$ et en Ontario de 325 365$. Est-il plus intéressant pour le riche fuyard de vendre sa maison de 500 000$ au Québec pour s’en acheter une autre bougrement plus chère de 800 000$ en Ontario? Bonne chance, si le choix est de vivre à Ottawa ou pire à Toronto, le coût du logement peut être encore plus salé. En effet, Toronto est devenue la ville où le coût de la vie est le plus élevé au pays, plus que Vancouver, selon les résultats d'un sondage de la firme Mercer.
Et puis, il parait qu’il y’a beaucoup de millionnaires ontariens et new-yorkais qui ont trouvé refuge près de la frontière ontarienne mais du côté du Québec à Ste-Anne-de-Bellevue à St-Lazare/Hudson. La belle province n’est pas si répugnante pour les riches.
Si on regarde la situation de façon globale, la grande majorité des Québécois ont un niveau de vie égal ou supérieur à la majorité de leurs voisins de l'Ontario. Le riche qui déménagerait en Ontario gagnerait un peu en économie d’impôts mais perdra beaucoup sur d’autres tableaux. Il n’y a pas que l’impôt dans la vie, il y a le reste aussi.
Par ailleurs, entre la hausse d'impôt proposée par Pauline Marois et celle de François Hollande en France, il y a quand même un immense écart de 20 points de pourcentage, soit 55% versus 75%. Doit-on s’attendre à un déferlement de cousins français au Québec dans les prochaines années?
Source du tableau : www.cyberpresse.ca