A Nice, les Amis de Sarkozy ont fait leur pèlerinage sarkozyen. On imagine le rite devenir annuel. La ville était bien choisie. La délinquance y flambe depuis ... 2002.
A Nice, Copéistes et Fillonistes se sont toisés avec un objectif caché et pressant: enterrer au plus vite l'ancien leader pour mieux préserver les chances présidentielles de leurs nouveaux mentors.
Cette fois-ci, nous y sommes, la guerre est bel et bien déclarée et la première victime pourrait être Nicolas Sarkozy lui-même.
Fillon en béquille
Dans le Point, souriant sur le cliché mais ferme dans le texte, François Fillon a fait sa rentrée. Sans surprise, il se compare à George Pompidou. C'est facile: Pompidou fut ce premier ministre qui prit le relais du général de Gaulle après 1969. Les caricaturistes jugeront aussi que les deux hommes partagent les mêmes sourcils imposants.
Fillon revendique sa prudence, et tacle gentiment son ancien mentor: ‘Nicolas me disait souvent tu es trop prudent’. Je lui répondais ‘oui mais parfois tu vas trop vite’ ‘.
Pourtant, s'il était élu président de l'UMP avant de concourir pour la France, il nous promet des mesures « choc ». Lui aussi, aurait-il changé ?
Dimanche, dans la Sarthe, il raille l'absence de bagages du président normal qui rentre de vacances en train. Lui-même préférait le jet gouvernemental pour ses allers et retours le weekend quand il était premier ministre.
Sa fidèle Valérie Pécresse, ralliée dès les premières heures de l'après-défaite à l'ancien premier ministre, moque Copé sans le nommer, une « pâle copie de Sarkozy ». Elle ose le comparer à Martine Aubry.
« Cette élection ressemble au match Hollande-Aubry. Hollande était le candidat de l'opinion, Aubry de l'appareil. »
Valérie Pécresse, 26 août 2012.
Copé joue à Sarkozy
Copé en avait même copié les plus fameuses expressions. Pour sa déclaration de candidature à la présidence de l'UMP, ce même dimanche, Jean-François Copé avait allègrement pompé quelques éléments de langage et formules tant chéries de Nicolas Sarkozy, pour la plus grande joie des journalistes présents.
Comme Sarkozy, Copé se confondait avec la France: « je suis venu vous parler de la France » avait-il commencé. Fichtre !
A Chateaurenard, l'actuel secrétaire général évoqua son origine - « Français non par le sang reçu mais par le sang versé » - comme jadis « le Français de sang mêlé » écrit par Henri Guaino pour Nicolas Sarkozy; la « droite décomplexée » dont il se réclame comme l'ancien Monarque; « le peuple de France comme le disait si justement Nicolas Sarkozy ». Comme Sarkozy, Copé avait été « changé », « transformé par les épreuves ». Il n'évoquait pas sa riche amitié avec l'intermédiaire Ziad Takkiedine - un exilé fiscal sous le coup de 3 mises en examen dans l'affaire du Karachigate. Il ne pensait pas non plus à son expérience d'avocat d'affaires quand il était aussi député Non, les épreuves traversées par M. Copé furent la gestion d'une ville de grande banlieue, Meaux, dont il était maire depuis 1995.
Sarkozy partout
Tous, décidément, se réclament de l'héritage Sarkozy. C'est à celui qui paraîtra le plus sarkozyste! Mais aucun des ténors n'a envie qu'il ne revienne. C'est d'ailleurs tout l'enjeu: absorber le sarkozysme pour mieux empêcher son éventuel retour. Car cette présidence de l'UMP n'est qu'une étape pour la candidature de 2017, une place de choix pour maîtriser l'appareil avant les primaires. En attendant, il faut donc jouer au sarkozyste pur jus.
« Je le dis très clairement à tous ceux qui voudraient remettre en cause son action : ils me trouveront sur leur route pour défendre son bilan et sa personnalité » lâcha Copé. Et Fillon, qui prit le compliment pour lui, répliqua à distance: « J'ai vu que ces derniers jours certains avaient découvert qu'il y avait des différences entre Nicolas Sarkozy et moi. (...) Ceux qui font ça, ils ne m'impressionnent pas, parce que ça fait cinq ans qu'ils font ça, ça fait cinq ans que tous les matins ils se réveillent en se disant qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire pour mettre un coin entre François Fillon et Nicolas Sarkozy ».
Copé a un passé à faire oublier. C'est un sarkozyste de la dernière heure, depuis deux ans à peine, quand l'ancien Monarque lui confia les rênes de l'UMP, sans élection ni contestation. Fillon, au moins, a tout supporté sans broncher durant 5 années. Une épreuve de résistance qu'il faut bien reconnaître.
A Nice, les Amis de l'ancien Monarque avaient rassemblé 2.000 militants d'après les chaînes d'information, 4.000 d'après le niçois Estrosi. Les hostilités étant officiellement lancées pour la présidence du parti, cet hommage n'a trompé personne. Il s'agit déjà de construire un mythe, un hommage au Monarque disparu. Le sarkozysme serait ce « courage réformateur » décrit par la filloniste Valérie Pécresse. La cérémonie funèbre fut parfaite. Un petit film sur le quinquennat écoulé fit paraît-il couler quelques larmes.
Nicolas Sarkozy, lui, observait tout cela du Cap Nègre, où il se repose encore.