J'ai toujours habité de grandes maisons tristesAppuyées à la nuit comme un haut vaisselier
Des gens s'y reposaient au hasard des voyagesEt moi je m'arrêtais tremblant dans l'escalierHésitant à chercher dans leurs maigres bagagesPeut-être le secret de mon identité Je préférais laisser planer sur moi comme une eau froideLe doute d'être un hommeJe m'aimaisDans la splendeur imaginée d'un végétalD'essence blonde avec des boucles de soleil Ma vie ne commençait qu'au-delà de moi-même
Ébruitée doucement par un vol de vanneaux
Je m'entendais dans les grelots d'un matin blême
Et c'était toujours les mêmes murs à la chauxLa chambre désolée dans sa coquille vide
Le lit-cage toujours privé de chants d'oiseaux
Mais je m'aimais ah ! je m'aimais comme on élève
Au-dessus de ses yeux un enfant de clarté
Et loin de moi je savais bien me retrouverEnsoleillé dans les cordages d'un poème Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle