« Avons-nous les moyens de notre politique ? » Cette question éteint toujours les débats vertueux, surtout dans un pays comme Haïti. Impossible de définir une vision de l’avenir, toujours quelqu’un pour nous ramener dans la réalité. Mais la réalité étant relative … Moi, je suis à l’optimisme ce qu’Obélix est à la potion, tombé dedans dans un tout jeune âge. Ce pseudo réalisme ‘éteignoir’ a donc la fâcheuse habitude de m’assommer. L’enjeu bien évidemment est de faire la différence entre une vision et un rêve, ce qui dans l’imaginaire politico-culturel haïtien est une nécessité. Donc parmi les visions promulguées par le président, il y a ce décret qui interdit la fabrication, le commerce et l’usage de ces assiettes en styromousse. Comme les feuilles d’automne au Qc, ces assiettes jonchent tout ce qu’il y a de sol ou de ravine dans cette ville. La rue étant une poubelle pour la grande majorité des haïtiens, ce qui leur a permis de manger le chien jambé ou le spaghetti se retrouve nécessairement au sol avant d’être poussé par les vents ou les pluies. Les ravines qui drainent la vie en partant de Pétion-Ville et allant jusqu’à la mer charrient des milliers de ces contenants. Parmi les problèmes d’Haïti, la priorisation de celui-là pourrait souffrir de toutes les analyses. Personnellement, je me suis mis à rêver que la rue allait devenir propre… « Le président arrivera-t-il à ses fins dans ce dossier ? » Ma collègue me fait un sourire de perplexité. « S’il n’a pas les moyens de contrôler ce commerce et rien à offrir en échange, la partie est perdue. » C’est peut-être ça la différence entre la vision et le rêve !? Il me faut sûrement une louche de réalisme.