Gilles Simon : Oui, mais bon je le savais avant d’y aller, donc pas de surprise pour moi. Je crois que j’ai eu le match que j’attendais en fait. Cela a été très dur, c’est certainement les 45 points (ATP) les plus mérités de l’année et je suis content d’avoir gagné ce match.
Cela valait la peine de l’avoir joué du coup ?
Je vais essayer de jouer le moins de matches possibles (Ndlr : à cause de sa blessure), mais là c’est un tournoi du Grand Chelem et cela fait un mois que je suis là, je me suis dit : «allez, je vais essayer» (il rit nerveusement). Et puis surtout, maintenant que je sais que cela ne s’aggrave pas, j’y vais et j’attends que ça passe. Je le prends juste comme du bonus, j’essaie de faire ce que je peux. C’est quand même mieux pour moi de jouer un mec comme Russell, qui ne sert pas non plus que des obus, sinon c’est très déséquilibré. Maintenant, au deuxième tour, on verra ! Je savais que j’avais une petite chance de gagner ce match, que ça allait être très compliqué et cela l’a été. Je n’ai fait que du physique pendant dix jours, puisque je n’avais que cela à faire, donc du coup d’avoir gagné en 4h30 ça fait plaisir.
Est-ce que ce fut l’un des matchs les plus durs de votre carrière ?
Oui, car normalement dans un match, d’un côté comme de l’autre, il y a des points gratuits. Or là avec mon service… Moi c’est zéro et lui, bon, pas des masses non plus, donc du coup c’est 4 heures et demi de droite-gauche, et tu les sens passer.
Expliquez-nous justement, comment se ressent votre blessure sur votre service ?
J’ai mal ! J’ai mal, c’est tout. Si je sers, j’ai mal, donc j’essaie de servir sans avoir mal, donc je ne force pas, je n’ai pas envie de tout casser du coup. Je ressens aussi la douleur quand je joue du fond du court, même si je ne frappe pas très fort, mais je bouge bien, je sens que je peux jouer du fond, contrer, je suis dur à déborder… Donc voilà je suis là, cela fait un mois que je me bats avec cela, et là je suis arrivé sur le match en pensant pouvoir gagner et la preuve, c’est que je l’ai fait.
J’avais juste peur de prendre une grosse rousteVous êtes-vous fait peur quand même, en pensant ne pas pouvoir remonter, une fois mené deux sets à un par exemple ?
— Gilles Simon
Au fond, je m’en foutais un peu, j’étais très détendu en rentrant sur le terrain, après j’avais juste peur de prendre une grosse rouste et d’être ridicule. Mais quand j’ai vu qu’il y avait match, je me sentais mieux, je me suis bien énervé à la fin du troisième quand même ! Mais bon j’avais un adversaire où c’était du 50-50, c’est difficile, c’est dur de chaque côté et je vois qu’à la fin du troisième il n’était pas très beau non plus. Je me suis accroché et puis j’ai pu passer devant et rester devant même si cela a été dur.
Avez-vous pris du plaisir quand même durant cette rencontre ?
Non, là aucun. Aucun. J’avais juste envie d’essayer de gagner. Voilà, je m’étais mis ça en tête : «je vais essayer de gagner», en sachant que cela allait être dur et affreux. J’aurais pu perdre, cela ne se joue à rien. Et je suis content d’avoir gagné, j’espère qu’au prochain tour je ne serai pas ridicule !
Dans ces conditions, à quoi cela rime-t-il de jouer alors ?
À rien ! Encore une fois, je sais que je n’ai aucune chance de me faire plus mal que cela, donc voilà j’y vais, cela va mettre du temps à passer. Je continue de travailler, ce dont on ne se rend pas compte c’est que là c’est beaucoup (il insiste fortement et longuement sur ce mot) mieux qu’il y a une semaine, donc c’est ça qui est drôle (il rit) ! Si cela sourit un peu, si j’arrive à avancer dans la semaine, on ne sait jamais… Il ne vaudrait mieux pas que ce soit un gros serveur en face quand même.
source : sport24