A quelques heures de l'ouverture de l'université d'été du Medef, Laurence Parisot vient de lancer un anathème contre le gouvernement. Elle estime : « (...) qu'aligner les impôts sur les revenus du capital et ceux du travail comme le veut le gouvernement limiterait l'accès aux capitaux, plus personne n'ayant, par exemple, intérêt à placer son épargne en actions si la taxation des plus-values de cession est alourdie (...) »
En clair, si elle conçoit parfaitement qu'on puisse taxer à loisir les revenus du travail, pas touche aux revenus des actionnaires et autre rentiers des affaires. Cette déclaration tombe en même temps qu'un article fort intéressant sur : « Les inégalités en France », publié par Alternatives économiques dont l'Observatoire des inégalités a publié des extraits
Qu'y apprend t-on ?
Les riches n'ont cessé de s'enrichir depuis les années 90
« Dans les années 1990 et 2000, les riches se sont enrichis beaucoup plus vite que les autres et dans des proportions spectaculaires. Entre 2004 et 2007, tandis que les 90 % les plus modestes de la population voyaient leurs revenus déclarés augmenter de 9 % en moyenne, les 1 % les plus aisés connaissaient, eux, une hausse de 16 %, et les 0,01 % de 40 % (...) En pratique, l’essor des riches pendant cette période aura bien davantage consisté à garantir des gains considérables aux détenteurs de capital dans un contexte de croissance molle (...) »
Et Thierry Pech, directeur de la rédaction d’Alternatives économiques d'expliquer : « (...) aujourd’hui, à la faveur d’une crise qui met durement à l’épreuve les finances publiques, nombre d’États européens en reviennent. C’est notamment le cas en France où l’élection de François Hollande devrait marquer une rupture dans la politique fiscale à l’égard des plus fortunés : alignement de l’imposition des revenus du capital sur l’imposition des autres revenus, relèvement du seuil de la tranche marginale supérieure de l’impôt sur le revenu de 41 % à 45 %, création annoncée d’un taux d’imposition à 75 % pour la part des revenus excédant un million d’euros par an (...) »
Ce qui a le don de faire sortir de ses gonds dame Parisot : « (...) Elle s'en prend également au projet de taxer à 75% la part des revenus annuels supérieure à un million d'euros, qui comporte de sérieux risques selon elle (...) » Désolé, mais on ne saura pas de quels risques il s'agit. Néanmoins, on peut imaginer que ces « victimes » soient nombreuses parmi ... les adhérents du Medef.
Quant aux millions de salariés qui ne vivent que leur travail, Laurence Parisot n'a pas eu un mot pour eux. Il faut dire qu'elle avait annoncé la couleur des licenciements massifs avant de partir en vacances. Pourquoi perdre son temps à parler des salariés variables d'ajustement, alors que de nombreux rentiers du capital vivent d'ores et déjà dans l'angoisse du lendemain ?
Extrait de Alternatives Economiques Poche "Les inégalités en France" n° 056- septembre 2012. En vente en kiosque et sur le site du magazine Alternatives Economiques