Il se marie en 1862 et écrit Guerre et Paix, son premier grand roman, en 1869.
Je commence aujourd’hui le livre III, première partie, chapitre 1.
Le fatalisme est inévitable en histoire lorsqu’il s’agit d’expliquer les phénomènes irrationnels (c’est-à-dire ceux dont nous ne comprenons pas le sens). Plus nous nous efforçons d’expliquer rationnellement ces phénomènes historiques, plus ils nous apparaissent dénués de sens et incompréhensibles.(Guerre et Paix, Folio classique, Tome 2, pp 10 et 11)
Tout homme vit pour soi, profite de sa liberté pour atteindre ses buts personnels et sent de tout son être qu’il peut à chaque instant accomplir ou ne pas accomplir tel acte; mais une fois qu’il l’aura accompli, cet acte accompli à un moment précis du temps deviendra irrévocable et appartiendra à l’histoire qui, de libre qu’il était, le rend nécessaire.
La vie de tout homme présente deux faces; celle de sa vie personnelle, d’autant plus libre que ses intérêts sont abstraits, et celle de sa vie élémentaire, la vie de la ruche où l’homme obéit inéluctablement aux lois qui lui sont prescrites.
L’homme consciemment vit pour soi, mais il sert inconsciemment d’instrument à des fins historiques et sociales. L’acte accompli est irrévocable et en coïncidant avec les millions d’actes des autres hommes, il acquiert un sens historique.
Le roi est l’esclave de l’histoire.
L’histoire, c’est-à-dire la vie inconsciente, grégaire, la vie de la ruche humaine, utilise à ses propres fins chaque instant de la vie des rois.