Mais pourquoi tant de livres?
C'est ce qu'on pourrait se demander quand on découvre le hall 2 du Parc des Expos de la Porte de Versailles, avec sa multitude de stands et tous ces livres!
Ah! Le Salon du Livre! J'y étais mardi 18 mars 2008 à l'invitation de l'espace SFR Jeunes
Talents, pour prendre part à la lecture à voix haute d'une oeuvre collective à laquelle j'avais participé, dans le cadre d'un atelier d'écriture numérique animé sur le site SFR Text' par l'écrivain Arnaud Cathrine.
Impossible donc de ne pas prendre conscience de cette profusion de livres ... A se demander si chaque livre trouve ses lecteurs! (réponse : non) David Foenkinos, que les auteurs-internautes invités par SFR Text' ont pu rencontrer, a évoqué un moment
la douleur de jeunes auteurs qui, immédiatement après la joie immense d'être - enfin! - édités, sont terrassés par l'échec commercial de leur livre, dont les ventes sont trop
faibles. Un verdict chiffré qui doit être difficile à accepter. Pour info : dépasser les 1800 ventes pour un 1er
roman, c'est bien! Pour revenir à cette lecture
collective, ça a été un moment très sympa grâce à la bonne humeur détendue d'Arnaud
Cathrine dont j'avais beaucoup aimé "Mon
démon s'apppelle Martin" et qui m'a gentiment dédicacé deux autres livres (maintenant collectors!) : Les yeux secs, son premier roman (à 24ans!) et Les vies de Luka. Cela m'a
aussi permis de rencontrer d'autres auteurs de l'espace SFR Text' dont j'avais lu des textes, tout cela dans une ambiance joyeuse et détendue.
Une
petite interview collective a suivi, avec quelques réflexions sur le format court et donc... le sms! L'immédiateté du contact écrit, l'écrit qu'on envoie comme
une parole mais qui reste (que ce soit une déclaration d'amour ou de haine), l'effet pervers de l'écriture sms pour l'orthographe des enfants (même si on peut se réjouir d'une réconciliation des
plus jeunes avec l'écrit, c'est vrai que lorsque je lis les "mots du
public" du spectacle "Les contes de la petite fille
moche", je suis quand même parfois abattu par le quasi illettrisme d'enfants de 9 ans...)...
On écrit pas un sms ou même un mail comme on écrit une lettre qui partira par la poste, sur un papier qu'on aura touché de sa main, avec des mots modelés par son
écriture. C'est un peu la valeur qu'on donne à ses mots qui a changé. Aujourd'hui, tous les mots sont un peu mis sur un même plan, utilisés chacun à toutes les sauces, dans tous
les contextes, comme pour affirmer naïvement qu'il n'y a plus de tabous (effet post-68?). Dans un monde où l'on veut s'autoriser à parler de tout, partout et avec n'importe quel mot, les mots
perdent forcément de leur valeur : on ne se soucie plus de les écorcher, de les confondre... Et de l'autre côté, on voit partout des gens qui veulent être publiés, qui veulent écrire pour les
autres, et qui revendiquent donc que leurs mots ont de la valeur. Alors je m'arrêterai sur ce constat un peu paradoxal et je m'en vais méditer sur ma propre envie d'être publié et ma prétention à
écrire quelque chose de "valable" (un mot qui sonne glauque ici, vous en serez d'accord?). Le texte complet de l'oeuvre collective lue : c'est ici! Mon espace SFR TEXT' avec... des textes! : c'est ici!