Récemment, j’ai eu le privilège de passer deux jours en compagnie du créateur de chaussures Carlos Santos. Pour ce faire, je me suis rendu à São João da Madeira, une petite bourgade du nord du Portugal. C’est là que se trouve la manufacture Zarco, nom de l’entreprise fabricant les souliers de la marque Carlos Santos (Santos tout court pour les connaisseurs). Un petit retour en arrière s’impose: Zarco fût fondée en 1942 par la famille Costa. À l’époque, elle produisait entre autres des souliers extraordinaires cousus au fil d’or et taillés dans des peaux exotiques pour le compte de la marque anglaise Sid’s, fournisseur de la couronne britannique.
Poste après poste, je prends pleinement conscience du trésor inestimable que j’ai sous les yeux: un savoir-faire unique. Le processus commence par le choix des peaux: celles-ci proviennent en grande partie d’Allemagne. Des ouvriers expérimentés y découpent les morceaux de cuir nécessaires à chaque modèle de chaussure selon des formes métalliques. Des couturières les assemblent ensuite avant d’y enfiler des lacets provisoires en ficelle, pour qu’elles gardent leur forme. Ces ébauches sont ensuite clouées sur un embout de bois en forme de pied, passant ensuite de mains en mains à chaque différente étape de la fabrication. Ici, on plie le cuir autour de la forme. Là, on encolle la semelle. Plus loin, on lustre avec patience chaque soulier, pour lui donner la patine requise. Au final, on retire les lacets provisoires, on enfile les définitifs, une cerbère à l’oeil expert contrôle une dernière fois le tout et on emballe finalement ce trésor qui ira chausser un homme de bon goût. Je vous laisse découvrir en photos quelques-unes des étapes marquant ce processus.
En plus de ce savoir-faire unique, la force de Carlos Santos réside également dans sa créativité: il présente deux collections par année, chacune comptant pas moins de 50 à 70 nouveautés! Ces modèles sont conçus à l’interne ou par des designers de renom, tels que le français Marc Guyot ou l’italien Uberto Loddo. Dans un coin de la manufacture, une équipe de prototypistes s’active à donner forme aux dessins des créateurs. Carlos Santos, lui, surveille son monde de son bureau vitré donnant sur les ateliers, tout en mesurant le travail accompli: d’une reconnaissance unanime parmi les passionnés de souliers (Thierry Richard vient de le citer parmi les meilleures marques de chaussures dans son ouvrage « Paris pour les Hommes« ), sa griffe devient petit à petit connue du grand public, distribuée partout en Europe, aux USA, au Japon, et bien entendu sur internet. Après vous avoir aujourd’hui fait partager cette visite de la manufacture, je vous invite à suivre la suite cet article dès la semaine prochaine par une interview de Carlos Santos.
- Jorge S. B. Guerreiro