Zéro projet

Publié le 28 août 2012 par Mentalo @lafillementalo

Il est aujourd’hui courant d’entendre les futurs parents parler de leur projet de naissance. On peut d’ailleurs trouver sur internet, cette mine, ou chez sa sage-femme, des projets tout prêts, reprenant les grandes lignes à aborder, ne demandant plus qu’à être adaptés aux désirs, aux convictions des parents.

Idée louable, certes, à l’heure où les naissances sont, si l’on n’y prend garde, de plus en plus médicalisées, automatisées, déshumanisées. Pas toutes, heureusement. Mais disons que la rédaction de ces projets de naissance permettent en principe de limiter ces pratiques qui font des parents des objets et non des sujets de la naissance de leur enfant.

Ceci posé, à titre personnel, je n’ai jamais rédigé de projet de naissance. Pour les grands, on n’en parlait pas. Pour ces deux dernières grossesses, j’aurais pu céder à la mode. Seulement non.

A l’heure qu’il est, assise sur mon canapé pour rédiger ces lignes à l’heure où selon la science je devrais être en train d’accoucher, j’atteste une fois de plus qu’une naissance ne se passe jamais comme prévu, ni du moins comme on l’imagine. Mes trois premiers enfants n’ont pas dérogé à cette règle, et, d’entre les trois, la Pili-Pili est passée maître dans l’art de déjouer minute par minute les prévisions conjointes de l’équipe médicale et de ses parents.

Pour le reste, les parents sont aujourd’hui bien mieux informés qu’il y a quelques années. Ils savent aussi que poser quelques questions n’est pas interdit, et que s’exprimer est vivement souhaité. Que cela passe par un dialogue oral avec l’équipe médicale me paraît, à moi, primordial, permettant ainsi d’établir le contact, faisant de chaque naissance une aventure unique, et non pas un protocole sur papier de plus, fût-il personnalisé. Pourquoi ne pas utiliser en effet ce prétexte pour construire la relation avec ceux qui vous aideront quelques heures ou quelques minutes plus tard à mettre votre enfant au monde?

On peut très bien réfléchir à la naissance de son enfant, à son déroulement, pour être prêt le jour J à exprimer ses préférences sans être pris de court. Un dialogue avec l’équipe permet alors de savoir si ces désirs sont réalisables dans la maternité où l’on est accueilli, chacune ayant son protocole propre.

D’autre part, je crains toujours qu’une naissance trop projetée soit idéalisée, et que la part d’imprévu, de naturel qui persisteront à coup sûr, n’aboutissent à une déception des jeunes parents, qui n’auront pas vu leur projet de naissance respecté pour l’une ou l’autre raison, dépendante ou non de la volonté de l’équipe médicale, mais leur laissant l’impression amère que cette naissance ne se soit pas déroulée comme ils l’avaient désiré. D’une naissance harmonieuse dont maman et bébé ressortent en bonne santé, ne fait-on pas alors une “naissance ratée” parce qu’on en attendait trop, ou trop précis?

Je crois que ce que je préfère chez mes enfants, quel que soit leur âge, c’est qu’ils me surprennent chaque jour (en bien ou en mal, hum). Je leur laisse cette possibilité dès le jour de leur naissance.

Dédicace à Marjoliemaman à qui j’avais promis un billet sur le sujet.