Conséquence logique les hypothétiques baisses d’impôts sont repoussées aux calendes grecques : "la baisse des prélèvements obligatoires dépend de la croissance économique". Élégante manière d’enterrer une promesse du candidat Sarkozy en se défaussant sur la croissance mondiale. Se refusant toujours à avouer la préparation d’un inévitable plan de rigueur (qui bien entendu sera présenté le moment venu sous un autre nom…), François Fillon promet : "nous tenons au cap que nous nous sommes fixés, que nous avons fixé avec les Français, et ce n'est pas au premier coup de vent que nous allons changer ce cap". Et de préciser notamment que "la loi de 2003 prévoit le passage à une durée de cotisation de 41 annuités progressivement d'ici à 2012. La loi s'appliquera". Le Premier ministre reconnaît ainsi (enfin) ouvertement sa volonté de faire baisser les pensions puisque le dernier rapport d’un Conseil d’orientation des retraites démontre que dans les conditions actuelles d’emploi, notamment des seniors, un tel allongement de la durée de cotisation revient de fait à minorer les retraites !!! Ce que François Chérèque, que l’on ne peut pourtant pas accuser de s’opposer par principe à toute réforme, explique clairement : "le taux d'activité des seniors, aujourd'hui, ne permet pas d'augmenter la durée de cotisation à 41 ans dans les délais prévus par la loi de 2003, soit à partir du 1er janvier 2009. Ce serait inefficace parce que cela ne se traduirait pas par des rentrées de cotisations supplémentaires". Bref François Fillon propose de travailler plus longtemps pour gagner moins…
Mais voilà, les syndicats (le PS est trop occupé à préparer son congrès pour jouer son rôle d’opposant) ne sont plus les seuls à pointer du doigt le dogmatisme dangereux de l’exécutif. Des critiques commencent à se faire jour au sein de l’UMP, par exemple celle du président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer qui insiste sur le fait qu’"il ne faut pas que les députés aient le sentiment de légiférer dans la précipitation". Ou encore celle d’Hervé Mariton qui déplore que "le gouvernement nous annonce un grand nombre de textes. Il y a un risque de dialogue de sourds parce que la priorité n'est pas affichée". Et jusqu’au Nouveau centre qui demande rien de moins que le respect de la "nécessité de la justice" dans la conduite des réformes…
Pour essayer de calmer sa majorité, François Fillon n’a rien trouvé d’autre que de promettre que la question du cumul des mandats n’est pas du ressort de la révision constitutionnelle qui doit modifier prochainement les institutions. Il achète donc l’acceptation de sa politique, à laquelle même sa propre majorité ne croit plus, en échange le maintien du cumul des mandats… la grande class !!!