Save Yourself (Season Finale) // 5 000 000 tlsp.
Parce qu'il a de nouveaux projets en tant que producteur -Banshee et Wichita- et d'autres envies en tête -de cinéma notamment- Alan Ball ne sera plus le showrunner de True Blood à compter de la saison prochaine. Ce final, qu'il a écrit, est donc sa dernière contribution à la série avant un retour, probable, pour la clôturer dans quelques années. On peut dire qu'il se retire sur une note positive, même si ce Save Yourself est loin d'être parfait et conclut de manière un peu brutale une saison qui n'a pas été mauvaise du tout, quelques intrigues secondaires mises à part (je pense bien entendu avant tout au smoke monster). Dans sa structure, ce final se distingue des précédents puisqu'il ne s'agit pas cette fois de boucler l'intrigue fil rouge de la saison dans la première demi-heure et de lancer celle de la suivante saupoudrée de cliffhangers dans la deuxième.
Tout ou presque se rapporte ainsi à l'Autorité et à la prise de pouvoir de Bill et de cliffhanger, il n'y en a qu'un véritable... qui concerne justement Bill transformé en... Billith ! Comprendre par là qu'il a pris la place de Lilith, qu'il lui a emprunté son manteau de sang, et qu'il est devenu plus bad que jamais ! Je déteste ce personnage depuis le premier jour mais je crois qu'à choisir, je le préfère comme ça. So be it. Qu'il en soit ainsi. Doit-on pour autant comprendre qu'il sera le grand ennemi en saison 6 ? J'en ai bien peur. Il y a aussi cette histoire de Warlock, l'assassin du gentil petit couple Stackehouse. On aura peut-être deux nemesis pour le prix d'une... Bill aura donc survécu à presque tous les membres de l'Autorité, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Nora, la seule à échapper au carnage des deux-trois derniers épisodes grâce à sa relation pour le moins fusionnelle avec Eric, qui mérite d'être explorée plus longuement. Même Russell Edgington, dont le retour avait été annoncé en grandes pompes à Bon Temps, n'aura pas tenu la distance. A vrai dire, il est carrément mort comme une merde dans les premières secondes du final, nous laissant un goût amer. Le fait qu'il disparaisse éternellement, je m'en fiche. Et je crois que c'est très bien comme ça, non ? Mais de cette manière... C'était vraiment pour le plaisir de surprendre, comme un peu plus tôt dans la saison avec Christopher Meloni et sa venue éclaire et frustrante. Mais pas de "tout ça pour ça" pour autant : il nous aura quand même bien fait marrer le bougre tout au long de la saison, que ce soit grâce à ses répliques toujours bien senties ou sa relation chatoyante avec le Révérend Newlin. Mais la mort la plus fun de l'épisode revient sans aucun doute à Rosalyn, explosée de l'intérieur par Sam après que celui-ci se soit introduit en elle sous la forme d'une mouche ! Only in True Blood. D'ailleurs, au niveau de la réalisation, les passages où l'on se retrouve à la place de la mouche, étaient très sympas. Ce qu'il faut retenir de tout ça au final c'est que, grâce à Luna -je ne pensais pas associer ces mots un jour- les Américains savent désormais qu'il n'y a pas que des vampires qui se baladent dans la nature. Des shapeshifters aussi ! Cela pourrait avoir des conséquences sur la suite des événements même si la série n'est pas toujours douée pour donner de l'ampleur à ce qui se déroule à Bon Temps à l'échelle nationale et même mondiale. On note quand même une amélioration cette saison à ce niveau-là.
Nous téléspectateurs ne savons que trop bien qu'il n'y a pas que des shapeshifters dans ce sombre monde, il y a des loups-garous aussi ! Des loups-garous vraiment soporifiques dès qu'ils entrent en scène. Et on a beau être attaché à ce cher Alcide, on a beau trouvé son père sympathique, rien ne semble plus pouvoir sauver leur intrigue. Je ne sais pas, faites-en une websérie que personne ne regardera. Quelque chose comme ça ! Mais épargnez-nous ce supplice. Encore, cette histoire rejoindrait les autres, on aurait l'impression qu'elle n'est pas tout à fait vaine. Mais là, la jonction se fait atrocement attendre. Même pas de Sookie à l'horizon. Si encore c'était drôle... Regardez Bellefleur : tout laissait supposer qu'on allait grave s'emmerder avec lui, sa blonde et sa fée-pute engrossée. Je m'étais préparé à un vaudeville bas de gamme, éventuellement sauvé par les dialogues. Il s'est avéré que ce sont ces passages-là que j'ai préféré dans le Season Finale. Ils étaient joyeux, festifs, dingues. "My light broke" quoi ! Lafayette, Arlene et cette inconnue totalement bourrée ont largement contribué à cette réussite. Alan Ball a voulu se faire plaisir et partir une dernière fois dans un grand délire dont seule True Blood a le secret. Et puis c'était aussi à mon sens une manière pour lui de faire passer un message lorsque Lafayette dit : "It's always the weird stuff that's the best". On l'a souvent critiqué en estimant que faire True Blood après un chef d'oeuvre comme Six Feet Under, c'était une sacrée régression. Je crois qu'il voulait seulement s'amuser. Parler à nouveau de la mort mais d'une autre manière. Et il a réussi ! Et puis en guise de dernier cadeau, il nous offre un baiser enflammé entre Pam et Tara particulièrement jouissif. Plus que toutes les autres histoires, c'est celle-là qui me donne hâte d'être à l'été prochain pour découvrir la suite et l'après Alan Ball, même si je suis à peu près sûr que la série ne sera pas très différente...
// Bilan // Ce 5ème final de True Blood, différent des précédents dans sa construction, ressemblait plus à un très bon épisode lambda qu'à un dernier épisode de saison. Mythologiquement parlant, il n'était pas d'une grande richesse. "Cliffhangeriquement" parlant, il était un peu paresseux, ne laissant pas, comme on a l'habitude, le sort de la plupart des héros en suspens. En terme de romances, il a très timidement remis en avant le triangle amoureux infernal Bill/Sookie/Eric. Il a en revanche créé un nouveau couple du plus bel effet. Il a fait du ménage, mais pas nécessairement celui que l'on attendait. La plupart des nouveaux personnages apparus cette année ont péri, mais chez les historiques, tout le monde est sain et sauf. Ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle pour la suite. Un dégraissage du casting devenait pourtant nécessaire... Ce qui a très largement sauvé ce final, en fait, c'est son coté hypra supra fun. C'est ce que j'ai envie de retenir de lui. Au fond, True Blood est devenu au fil des années la comédie la plus amusante, folle et rafraichissante de l'été. Je crois que c'est ainsi qu'il faut la prendre désormais et ce n'est certainement pas réducteur. La saison 5 dans son ensemble était dans cet esprit mais elle a aussi réussi à produire quelques moments d'émotion forte et a su faire évoluer plusieurs personnages avec brio, Jason, Tara et Pam en tête. L'Autorité n'aura toutefois pas tenu toutes ses promesses et aurait certainement mérité un traitement un peu moins brouillon de la part des auteurs. La série reste ainsi fidèle à elle-même. C'est un grand foutoir maîtrisé et je me surprends comme chaque année à en redemander. Pas vous ?