J’ai vécu un choc psychologique il y a peu. Rassurez-vous je m’en remets ! Difficilement, mais je m’en remets. Ce choc a été causé par un événement d’une grande importance (relative pour certains, je le conçois), j’ai nommé : Les Utopiales de Nantes.
Mais qu’est-ce donc que cela ?
*mise en route de la bobine* Les Utopialesest un festival international descience-fiction, créé par Bruno della Chiesa au Futuroscope dePoitiersen 1998. Le nom d'origine du festival, "Utopia", a été suggéré parChristian Grenieren 1997…*arrêt de la bobine*
Bon, vous voulez en savoir plus ? Allez sur leur site internet >ici<. Pour faire court, c’est un festival dédié à la Science-fiction ainsi qu’aux différents genres de l’imaginaire (fantastique, fantasy…) qui prend aujourd’hui place durant quatre jours (le week-end du 11 novembre généralement) au Palais des congrès de Nantes. Bien entendu, une grande partie du festival est dédiée à la littérature, mais aussi aux films de SF, aux jeux vidéo et aux jeux de rôles.
Cette année était donc la 12ème édition des Utopiales et pour la première fois de ma vie j’ai pu y aller et m’immerger complètement dans cet univers que j’adore.
J’avais testé l’an dernier son grand concurrent, les Imaginales d’Epinal, deuxième festival de littératures de l’imaginaire de France, peut-être plus axé sur la Fantasy et un peu plus bucolique et convivial.
J’ai été impressionnée par l’ampleur du festival de Nantes, en fait. D’une part, c’est la première fois que je mettais les pieds à Nantes, alors j’étais toute excitée ! D’autre part, j’y allais en voiture avec mon ancienne collègue et amie A., son marie G. et C., tous libraires et tous d’excellents compagnons de voyage, et l’expérience promettait d’être encore plus sympa. Donc, après un arrêt Quick qui nous a tous retourné le bide et cinq heures de route, nous sommes arrivés à Nantes, frétillants d’espoir – et légèrement décontenancés par le nombre improbable de ronds-points que comporte la ville de Nantes, encore plus tordus et vicieux qu’à Colomiers- et prêts à entrer, le port altier et le cœur léger dans le palais des congrès de Nantes.
Le seul hic est que je n’avais pas le port altier ni le cœur léger en arrivant : j’avais comme une idiote envoyé ma demande d’accréditation professionnelle pour rentrer gratuitement dans le salon un jour trop tard, et je me retrouvais à faire la queue dehors avec cent cinquante autres personnes pour payer mes 7.5€ par jour plein tarif. La loose.
C. était comme moi, et n’avait pas l’air plus malin. Heureusement, A. et G., nos bonnes fées, ont trouvé un plan de secours, et les deux jours suivants, grâce à leurs relations dans les hautes sphères du monde du livre, nous avons pu avoir des pass professionnels (et ainsi économiser de l’argent qui serait plus tard réinjecté dans des achats impulsifs de livres, naturellement).
Et diantre, quel édifice que ce Palais des congrès ! Pour l’occasion, la librairie et maison d’édition l’Atalante, organisatrice du festival, avait monté la plus grande librairie SF éphémère du monde avec plus de 25000 références de livres (>_<). Un véritable bonheur !
Le thème du festival cette année était l’Histoire(s) et proposait de nombreuses rencontres avec des auteurs de SF, des scientifiques et des intervenants du monde du livre. Pour nous mettre dans le bain, nous avons assisté à notre première table ronde le vendredi : Sf versus Histoire. Bon.
L’organisation des tables rondes n’est pas toujours au point. Je veux bien croire qu’il est difficile d’être modérateur d’une table ronde, mais lorsqu’une conférence tourne en rond, que personne ne comprend grand-chose à l’intitulé du sujet (décliné sur quatre jours en dix conférences qui comportent plus ou moins le même sujet… allez comprendre) autant au niveau des intervenants que du public, ben ça donne des choses assez bancales et pas tout à fait satisfaisantes.
Sur la dizaine de conférences auxquelles j’ai assisté, peu m’ont vraiment passionnée alors que les sujets étaient parfois très intéressants et retenaient toute mon attention. En l’occurrence, les trois meilleures tables rondes auront été pour moi : Arthur un cycle réinterprété ? ; Les histoires de fin du monde ; et surtout La fantasy face à l’histoire. Bon, je sais que vous vous en foutez pour la plupart comme de votre première grenouillère, mais sachez donc que ce fut fort intéressant et que j’étais bien contente.
Les auteurs présents en conférences était l’autre moitié du temps en train de dédicacer dans la librairie (ou bien en train de se souler la gueule avec des verres de champ… coca. Voyons, on sait tous que les auteurs – éditeurs- libraires sont des gens sérieux.) et j’ai ainsi pu glaner des dédicaces pour quelques personnes de mon entourage, qu’elles recevront en temps et en heures !
Etaient donc présents les auteurs chouchous, toujours présents en festival mais qu’on aime toujours revoir : Pierre Pevel, l’auteur de la trilogie de Wielstadt dont je vous ai déjà parlé (>ici< voyons !), Pierre Bordage, l’un des fondateurs du festival, Roland C Wagner, couronné du grand prix de l’imaginaire le samedi soir pour son roman Rêves de gloire chez l’Atalante, le très sympathique Laurent Genefort, de fantastiques auteurs et illustrateurs comme Jodorowsky, Didier Graffet, Alex Alice ou Alexis Briclot, et surtout des artistes internationaux que j’étais toute émoustillée de voir ! : Glen Cook, James Morrow, Ian Macdonald, Norman Spinrad ou encore David Lloyd, créateur de V pour Vendetta.
Les planches originales de V pour Vendetta exposées à l'entrée !
Bref, que du beau monde quoi. Encore plus chouette quand on vous embarque en backstage boire une coupe de champagne avec l’équipe du festoche, le tout accompagné de petits fours onctueux.
Bon, étant d’une timidité crasse, je suis restée avec les têtes connues, et je n’ai pas franchement cherché à me faire une place dans ce petit monde. Cela viendra au moment voulu, pour l’instant je ne suis que simple observatrice, et heureuse d’être entourée de passionnés du même univers que moi
De leur côté A. et G. m’ont tenu compagnie à leur rythme. G., plus intéressé par l’aspect audiovisuel du festival, pourrait mieux décrire que moi les films –longs et courts métrages – présentés au festival, dont l’un des gagnants du grand prix, le film Endhiran – Robot The Movie, est un Bollywood de Science-fiction qui devrait ravir les fans de sensations fortes et d’éclats de rire. Néanmoins j’ai assisté aux projections des courts-métrages, parfois truculents, parfois nuls à chier, et à un petit documentaire canadien étonnant que je conseille fortement : How to start a country.
Bon, mes deux véritables coups de cœur de ce long week-end auront surtout été la découverte de Nantes, que je suis allé visiter une matinée, et l’exposition de Greg Broadmore, auteur de la BD Docteur Grodbort présente : Victoire
chez Milady, et surtout artiste de grand talent !
Il faut préciser que l’un des aspects marquants du festival aura été l’omniprésence d’un genre qui atteint en ce moment sa vitesse de croisière, j’ai nommé le Steampunk (une science-fiction qui s’inscrit dans un univers calqué sur le XIXème siècle, les héritiers de Jules Verne et de Wells quoi). Le plus étonnant étant l’esthétique très marquée et très belle du genre, qui connait un succès fou dans le monde de la mode. Une association de fans se promenait donc en habits Steampunk dans les couloirs du festival, et était en parfaite adéquation avec les œuvres de Greg Broadmore.
Les toiles, sculptures et reproductions exposées étaient juste splendides. Par respect pour l’auteur, je n’ai pas fait un Grodbort Basket, bien que l’envie m’ai démangé toute la journée du dimanche de m’emparer d’une toile et de partir en courant hors du festival (passant totalement inaperçue dans les escalators qui descendent de l’exposition, devant la grande scène des tables rondes, devant tous les stands marchands, devant les vigiles et devant les milliers de visiteurs, bien sûr.)
Les fans de Steampunk
En rentrant dimanche soir, sans ma toile de Broadmore mais les bras chargés de livres, de chouchen, et mon portefeuille dépouillé, je me sentais donc bien.
Le choc psychologique est arrivé le lendemain en retournant au boulot.
Avoir baigné trois jours dans cette atmosphère euphorique, avoir vécu pleinement ma passion, avoir retrouvé la raison originale qui m’a poussé à être librairie, et subir le contrecoup en revenant bosser en généraliste à Paris… c’était juste déprimant à souhait.
Je garde espoir, un jour je ferais ce que j’aime, et ce pourquoi j’ai choisi ce métier. En attendant je serre les dents, j’attends que jeunesse se passe et d’avoir la maturité nécessaire pour finaliser mon rêve, et là… A moi Fantasy, SF, Fantastique, Uchronies, Dystopies, Steampunk, Cyberpunk et autres univers chéris. Je m’emmitouflerai confortablement dans ma passion et la vie sera douce et chaude comme du cachemire. Mais non les amis, ce n’est pas une utopie…
Voilà pour votre plus grand plaisir la bande-annonce du film à voir, adapté du film à lire absolument : Hunger Games