Silence radio
Et vous, comment ça va ?
Bon, je vous pose la question, parce que je sais que certains se sont dit « hm… toujours rien de nouveau… est-ce que tout va bien ? Elle est peut-être morte ? Mangée par son chat, avec les restes du nouvel an ? »
Donc moi ça va, merci, et vous ?
Je n’ai pas écrit depuis un bail parce que… ben… bon… hm… c'est-à-dire. Bon. Un très bon ami à moi dirait « j’ai pôs l’temps ! », mais je ne vous ferais pas l’affront de dire ça, parce que du temps, j’en ai eu plein depuis mon dernier message. Mais j’ai du l’organiser à plein d’autres choses. D’abord, travailler : il y a eu Noël, et là, en librairie (comme dans nombre de commerces), j’avais vraiment pôs l’temps. Pas l’temps de lire, pas l’temps de me reposer… parce qu’en plus de travailler, je cherchais un nouveau nid pour le félidé et moi.
Eh oui, vous vous dites « mais… elle avait pas déménagé y a peu de temps déjà ? »
Oui, je m’amuse à déménager deux fois l’an maintenant, ça fait deux fois plus de pendaison de crémaillères comme ça ! Hm… Non surtout mon loyer était trop lourd pour mon petit budget, et le manque de lumière du jour dans mon vieil appartement grinçant nous rendait folles, mon félidé et moi.
Donc on a emménagé avec… le correspondant TEXAN ! Eh oui, Vincent D., lui-même, de retour dans son pays natal, avec un vocabulaire français plus qu’aléatoire et des barbarismes américains plein la bouche. Mais on l’aime quand même =).
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La contribution de Vincent D. à la bibliothèque locale, inspectée par la douanière Mimzi.
Bref, depuis que j’ai emménagé dans ce nouvel appartement, je passe mon temps à l’aménager, à le zyeuter amoureusement (il est graaaaaaaaaaaaand !), et je me remets enfin à lire. Oui, parce que le désavantage d’habiter à 15min à pied de votre boulot - comme dans mon ancien appart’ - c’est que vous n’avez pas le temps alloué aux transports en commun exploitable pour lire, et quand vous rentrez le midi chez vous, vous ne pouvez pas non plus exploiter cette heure de déjeuner pour vous plonger dans un livre. Donc, bien que bosser à côté de son chez soi est un énorme avantage lorsque vous haïssez l’espèce humaine qui s’agglutine dans les métros, et vous évite de raquer votre r*** dans les bouiboui entre midi et deux pour vous sustenter, il n’empêche que vous perdez ces temps précieux autrefois alloués à la lecture. Dans mon cas, j’avais perdu à peu près deux heures de lecture par jour, ce qui est énorme, et l’amas de livres « à lire » posé sur ma bibliothèque en était une preuve. Bon, déménager m’a fait perdre l’avantage de rentrer à pied le soir, mais j’ai regagné mes heures de lecture, et ça m’avait manquééé ! Depuis ma renaissance dans mon nouvel espace vital, je dévore. J’ai enchaîné les bouquins, certains intéressants mais sans grande valeur, d’autres juste mémorables (notamment celui que je mets le plus de temps à lire, le Julian de Robert Charles Wilson, même si je l’adore - et non ce n’est pas de lui dont je vais vous parler aujourd’hui. Une autre fois, soyez-en sûrs…) comme, par exemple,
UN LONG SILENCE C’te claque. Une droite, puis une gauche. Si si je vous assure. Bon, j’avais zyeuté ce livre à sa parution en grand format l’an dernier, aux fabuleuses éditions Sonatine (je vais bientôt leur vouer un culte). Ce n’est pas un roman, en fait. C’est une sorte de documentaire, mais le style d’écriture nous plonge dans l’histoire comme seuls les romans savent le faire. Il a été écrit par Mikal Gilmore, chroniqueur américain chez Rolling Stones depuis les années 70, connu pour être le frère benjamin de l’un des criminels les plus célèbres aux Etats-Unis : Gary Gilmore. Gary Gilmore a été fusillé en janvier 1977 dans une prison de l’Utah pour avoir assassiné de sang froid et à bout portant deux mormons sans aucune raison. Lorsque la sentence de son exécution est tombée, l’Amérique n’avait pas connu de condamnation à mort depuis plus de dix ans, et sa famille -dont Mikal Gilmore - espérait ardemment pouvoir transformer sa peine en une réclusion à perpétuité. C’est lorsque Gary Gilmore a annoncé à la presse et devant le pays entier qu’il Voulait être fusillé que l’Amérique s’est pris de passion pour son personnage.
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Plus que l’histoire de la famille Gilmore, il dépeint des univers bien réels au Etats-Unis des années 10 à 80, durant lesquelles ont vécu les membres de sa famille. L’univers des mormons en Utah, l’univers de ces familles recomposées et décomposées américaines, l’univers de la pauvreté, de la violence, l’univers carcérale, et ce que le système et les gens peuvent faire pour ruiner une vie qui avait toutes ses chances au départ de devenir quelque chose de beau ; ce que les gens peuvent faire à ceux qu’ils aiment pour mieux supporter leurs souffrances.
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Un livre, un téléfilm, et une hymne punk, Gary Gilmore a inspiré de nombreux artistes : la preuve en images !