Mais en cette rentrée scolaire 2012/2013, les grands changements se situent - ou pas - ailleurs...
Côté ministère
Le Président de la République a fait de la refondation de l’École une priorité de son action. Cet engagement s’est traduit, dès le conseil des ministres du 4 juillet, par une communication lançant la concertation « Refondons l’École ».
Le gouvernement proposera au Parlement dans les mois à venir une loi d’orientation et de programmation pour l’École. Cette loi sera la colonne vertébrale de la refondation de l’École. D’autres engagements du gouvernement, ne relevant pas du domaine législatif, accompagneront cette démarche.
La refondation de l’École nécessitera l’engagement et le rassemblement de tous. Pour relever ce défi essentiel pour l’avenir et le redressement de notre pays, une importante concertation est indispensable. L’avenir de l’École mérite l’attention et la mobilisation de toute la Nation. A partir des orientations définies par le Président de la République et dans le plus large rassemblement de points de vue, la concertation proposera les grands choix éducatifs nécessaires à notre pays. C’est pourquoi elle mobilisera les membres du Gouvernement : au total, 22 ministères sont associés à ses travaux.
Les quatre membres du comité de pilotage :
La concertation est confiée, par une lettre de mission du gouvernement, à quatre personnalités : Nathalie Mons, Christian Forestier, François Bonneau, Marie-Françoise Colombani. Elles auront la responsabilité d’élaborer et de proposer au gouvernement un rapport rassemblant les choix éducatifs à proposer au pays pour les années à venir, en associant à leurs travaux un grand nombre de partenaires. Ces quatre personnalités coordonneront les travaux, veilleront à la bonne tenue des débats, participeront aux initiatives en régions, assureront la rédaction et la validation des textes.
Les groupes de travail :
La concertation comprendra quatre groupes de travail, qui traiteront de plusieurs thèmes ainsi répartis :
Groupe 1 : La réussite scolaire pour tous
La priorité donnée à l’école primaire
La rénovation du collège
La redéfinition du socle commun
Le lycée de la réussite
La valorisation de l’enseignement professionnel
La prévention du décrochage scolaire
Le service public de l’orientation
Le renforcement de l’éducation artistique, culturelle et scientifique
Groupe 2 : Les élèves au cœur de la refondation
Des rythmes éducatifs adaptés
Une école attentive à la santé des élèves
Un accompagnement efficace pour les élèves en situation de handicap
Un climat scolaire apaisé dans les écoles et les établissements
La vie scolaire et l’éducation à la citoyenneté
Groupe 3 : Un système éducatif juste et efficace
Une grande ambition pour le numérique
Une École plus juste pour tous les territoires
Une gouvernance rénovée
L’évaluation de l’École repensée
Les parents, partenaires de l’École
Groupe 4 : Des personnels formés et reconnus
Une vraie formation initiale et continue
Des missions redéfinies pour des personnels reconnus
Une nouvelle évaluation des personnels
Ces groupes de travail seront respectivement présidés par les personnalités suivantes : Nicole Belloubet (groupe 1), Agnès Buzyn (groupe 2), François Momboisse (groupe 3), Yves Durand (groupe 4).
Le calendrier de la concertation :
4 juillet : communication en conseil des ministres présentant les objectifs de la concertation « Refondons l’École »
5 juillet : présentation de la concertation au Conseil supérieur de l’éducation, puis lancement officiel des travaux de la concertation par le Premier ministre
Du 6 au 21 juillet : travail en ateliers
Du 20 août à fin septembre : travail en ateliers
Début octobre : fin de la concertation et présentation du rapport « Refondons l’École » par le comité de pilotage
Organisation des travaux de la concertation :
Chacun des groupes de travail se réunira une à deux fois par semaine. Les présidents de groupe seront assistés de rapporteurs et d’animateurs pour chacun des thèmes abordés pendant la concertation.
Initiatives en régions :
Les membres du comité de pilotage, les présidents de groupe ainsi que l’ensemble des membres de la concertation sont invités à organiser des initiatives décentralisées. Sous forme de forums et de débats ouverts, co-organisés avec des partenaires (collectivités locales, universités, associations…), ces initiatives contribueront aux débats de la concertation.
Rédaction du rapport final de la concertation :
Des comptes rendus des débats de chaque séance des groupes de travail ainsi que de toutes les initiatives prises en régions seront réalisés et transmis aux membres du comité de pilotage. En lien avec les présidents de groupe, la rédaction du rapport final est de la responsabilité des membres du comité de pilotage.
Côté enseignants
Cette prise de parole a été applaudi avec enthousiaste par les participants de l’Université populaire : "Quel avenir pour l’éducation ?" organisée par Désirs d’Avenirs.
En voici le texte intégral (vidéo ci-dessous).
« Pendant un siècle, l’Ecole Publique Française avait avancé, passant de 10 à 12 ans, de 12 à 14, de 14 à 16 ans, puis à l’objectif que 80 % des élèves au bac.
Et voilà que sous nos yeux ébahis, elle s’est mise à reculer.
D’abord avec des campagnes idéologiques trompeuses, dans lesquelles une partie même des forces de gauche se sont fourvoyées :
Sur l’école maternelle à 2 ans : « Et est-ce que c’était bon pour les enfants, et patati et patata... ») Les chercheurs passaient à la télé pour dire que les petits méritaient mieux. Sans doute ils méritaient mieux, mais maintenant que les classes ont fermé, et qu’ils sont devant la télé chez une nourrice non déclaré dans la tour de la cité d’’en face, on ne voit plus les chercheurs et ils ne passent plus à la télé !
Sur l’IUFM dans laquelle des pédagogogistes règneraient en maîtres pour enseigner des savoirs inutiles sur les « référentiels bondissants », et les institutrices clandestines « obligées » de cacher qu’elles enseignaient les syllabes aux élèves...
Déjà que la gauche avait transformé l’école normale où les instituteurs étaient payés trois ans comme salariés pour apprendre leur métier en IUFM où ils ne l’étaient qu’un an, la droite a supprimé la formidable promotion sociale qui permettait à des milliers de jeunes d’origine populaire de financer leurs études supérieures.
Sur l’échec scolaire : On nous rebat les oreilles de l’échec scolaire : tout le monde doit trembler devant le spectre terrifiant d’avoir des enfants qui ne sont pas « performants » en « réussite » et tous ont besoin de « soutien »... Les officines privées, remboursées par nos impôts, fleurissent et dès 4 ans, on peut être « soutenu » en anglais ou en musique... Il faut aller en « prépa », il faut que jusque dans les quartiers quelques jeunes aillent à Sciences Po, sans se soucier du chômage et des soucis des milliers d’autres...
Et PISA qui descend, et PISA qu’on analyse. Il faut évaluer, il faut ficher, il faut informatiser dans Base élève, relier aux résultats des enfants compilés dès le CE1, il faut stocker les données, les relier à un « livret personnel de compétence » qui les suivra jusqu’à Pôle emploi et au B2I pour vérifier s’ils savent se servir d’internet.... et promouvoir du matin au soir l’égalité des chances, comme si l’existence de l’école et de la transmission des savoirs était devenu une chance !
Mais voilà tout au long du 20 ème siècle, ce que la gauche défendait, syndicats et partis ensemble c’était le progrès, les progrès social, les progrès scolaires, un progrès qui faisait avancer tout le monde et non une « réussite » qui n’en visait que quelques uns.
Voilà, on est donc en 2008 et la saignée commence, et l’accusation de l’inefficacité de l’école publique élémentaire :
Dans toutes les écoles primaires et même en maternelle, il faut enlever deux heures d’école à tous les enfants (soit à la fin une demi-année scolaire tout de même...) pour « faire du soutien » le soir, à midi, à l’heure de manger, après le ramassage scolaire, ... c’est l’aide personnalisée, qui a immédiatement pour fonction de supprimer les postes d’enseignants d’aide (RASED)
Et personne ne réagit réellement, ni les syndicats, qui cherchent à négocier, ni les partis qui ne perçoivent pas l’enjeu et la nécessité d’organiser une résistance « radicale » à la situation.
En novembre 2008, dans ce désert silencieux, la résistance s’organise en fait autour des listes pédagogiques, qui vont se substituer aux listes syndicales pour relancer la résistance :
résistance à la mise en place du fichier Base élèves autour de la liste CNRBE,
résistance à la mise en place de l’aide personnalisée et de la suppression des RASED autour de l’appel d’Alain Refalo « en conscience, je refuse d’obéïr ».
Un certain nombre d’instituteurs et d’institutrices vont dire publiquement qu’il ne feront pas ce qui leur est demandé et que cela constitue pour eux une forme de résistance radicale plus efficace que les grèves de 24 heures et les promenades de Bastille à Nation et de Nation à République qui ne permettent pas de changer le cours des choses.
Alors l’administration se met à taper fort, très fort.
Et pour la première fois depuis Pétain, un directeur d’école, Jean Yves Le Gall, perd son poste de directeur pour des raisons politiques, il refuse d’inscrire les enfants dans Base élève et préfèrera perdre son poste que le faire.
Alain Refalo, qui refuse de « choisir » 6 élèves en « difficulté » et fait avec ses élèves un atelier de théâtre en demi groupe deux fois pas semaine à l’heure de l’ « aide » perd deux jours de salaire par semaine. Sa femme est enceinte de son troisième enfant, mais Alain ne recule pas. De la France entière et même jusqu’à Tahiti, alors, des milliers de gens envoient des chèques et l’administration réalise que finalement Alain ne perd pas un centime...
Alors ils envoient des Inspecteurs, et Ninon Bivès, se retrouve avec une note pédagogique déplorable, empêchant son avancement. Mais là non plus, elle ne plie pas.
Nous avons fait le choix de résister publiquement, pour alerter l’ensemble de la population, les partis politiques, les syndicats de l’urgence d’une lutte radicale et qui ne saurait attendre 2012 pour sortir l’école publique, qui est un acquis du progrès social de la logique du pilotage libéral qui détruit progressivement la qualité de son action.
Nous ne substituons pas cette action à la lutte syndicale, et massivement les désobéïsseurs sont syndiqués, à la Fsu, à Solidaires, et même à la CGT. Mais il ne s’agit pas de défendre nos conditions de travail : il s’agit de la vie des élèves ici et maintenant et entre 2008 et 2012, c’est presque une scolarité primaire qui est passée...
Nous l’avons fait parce que nous avons besoin de refuser de mettre en œuvre le plan de destruction de l’école organisé par le gouvernement et que c’est cela l’éthique du métier.
Nous ne défendons pas une école du passé, au contraire, comme militants pédagogiques nous sommes pour une transformation de l’école, pour sa transformation par une formation accrue des enseignants, par de meilleurs conditions de travail pour les élèves, par la construction d’établissements à taille humaine et le refus des « grands ensembles scolaires » et pour la promotion de pratiques pédagogiques au service des progrès de tous les enfants, ensemble
Nous appelons tous les enseignants à nous rejoindre, à signer nos appels publics. Et nous appelons toutes les personnalités à faire part publiquement de leur soutien à notre action ».
Intervention de Véronique Decker à l’occasion de l’Université populaire participative : "Quel avenir pour l’éducation ?" organisée par Désirs d’Avenirs.
On trouvera sur le site de résistance
pédagogique les actions en cours, notamment :
L’Appel du réseau des enseignants du primaire en résistance contre les évaluations
CM2
La lettre de résistance commune au primaire et au secondaire
La charte de la résistance pédagogique
On peut aussi alimenter la caisse de solidarité, qui permet de compenser les pertes de salaires liées aux sanctions infligées aux désobéisseurs, ou à assumer les actions en justice qui remettent en cause la légitimité de ces sanctions.
Véronique Decker par Jean_d_Arcueil
Côté parents
La FCPE a rappelé les 12 exigences qu’elle a portées durant la campagne des élections présidentielle et législatives. Ce sont ces exigences qu’elle continuera de défendre dans le débat public, avec comme seul objectif l’intérêt de l’enfant.
Tout au long de la concertation qui s’ouvre, la FCPE s’attachera à défendre une école plus juste, plus ouverte et plus solidaire ainsi qu’un service public de l’éducation au service de la
réussite de tous doté des moyens nécessaires à l’accomplissement de ses missions.
Forte de son projet éducatif, la FCPE n’entend pas laisser ce débat être détourné au profit d’une discussion purement budgétaire où les questions essentielles que sont la formation des
enseignants, le renouveau des méthodes pédagogiques, la consolidation du collège unique et du socle commun, le service public d’orientation, les rythmes scolaires… seraient abandonnées.
La FCPE prend en compte de manière positive les premiers pas du ministère dans les discussions relatives à la nouvelle loi d’orientation et de programmation pour l'École, mais restera vigilante
dans la suite des débats qui s’ouvrent.
Les campagnes en cours de la FCPE
- Les rythmes scolaires
- Le poids du cartable
- La maternelle
- Le remplacement
- Les toilettes
- La gratuité à l'école
- Les enfants de parents sans papiers
Côté gestion des fournitures en classe
Lors de mes précédents coups de calcaire à propos des fournitures scolaires, j'ai reçu plusieurs courriers d'enseignants expliquant leurs difficultés à gérer le matériel des enfants en classe à l'instar de France, enseignante au Canada :
« Lors de la rentrée scolaire nous passons au moins une bonne semaine à organiser ces fournitures scolaires. Nous avons
des paniers, des casiers des boîtes pour que les élèves placent leurs objets. Hélas au cours des jours les jeunes se pretent, se donner des trouve des tubes de colle, des crayons, des gommes à
effacer.. Nous n'avons pas la gestion et des yeux tout le tour de la tête pour contrôler les trousses à tous les jours de nos élèves, il y a tellement d'autrs chose à faire pendant la
journée.
Nous aussi nous nous demandons ce que les élèves font avec les crayons. Et croyez-moi j'en ai vu manger littéralement
les crayons, couper les gommes avec les ciseaux derrière notre dos. J'envoie à tous les trois mois un message aux parents en les avertissant qu'il manque des fournitures oui essentiel à leur
enfant. Quand vous planifier une activité et que vous avez des enfants qui vous disent " j'ai pas de colle, j'ai perdu mes crayons de couleur, j'ai pas mes ciseaux" cela devient assez difficile
d'enseigner à 25 élèves .
Ici au Canada nous communiquons très souvent avec nos parents de ce que ce passe pour leur enfant.donc les parents
comprennent que les fournitures scolaires sont bien sur périssables et que pour 10 mois de classe nous aurons besoin de plusieurs fois des crayons, de la colle etc.... Nous en avons en réserve
mais ce sont nous les profs qui payons tout ça de notre poche.
Voilà pour un avis d'une enseignante qui adore son travail( hélas pas toujours facile à gérer ) »
Document .pdf sur l'organisation d'une classe coopérative
Petit témoignage de S. Daubilly, enseignant qui a choisi d'enseigner avec les méthodes Freinet, dans une classe à triple
niveau (CE2, CM1 et CM2) qui ne fonctionne que sous forme d'ateliers.
« Ces métiers correspondent à un ensemble de charges à traiter seul ou à plusieurs, à savoir :
- la gestion des stocks de matériel (achat, commande, comptage, besoins),
- l’aménagement de l’espace et le rangement,
- l’archivage des projets en cours et des projets achevés.
Les projets des enfants sont présentés et commentés en réunion, ce qui permet à l’auteur de prolonger ou d’achever un
projet, en fonction des remarques de ses camarades. Je ne m’interdis pas non plus de proposer, en réunion, des pistes, à l’aide d’exemples ou à l’aide de consignes courtes et ouvertes, lorsque
cela est nécessaire ».
ARCHIVES DES COUPS DE CALCAIRE DE LA RENTREE
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