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Pascal est chroniqueur littéraire pour la radio belge Twizz, libraire chez Filigranes, mais surtout c'est un ami avec qui je peux partager, entre autres, mon goût prononcé pour les livres. Comme il court toute la journée, entre les conseils à donner aux clients, les caisses de romans à ranger, et les interviews d'auteurs à réaliser, et qu'il n'a pas le temps d'écrire des billets, j'ai décidé de l'interviewer et de retranscrire ses propos. Voici sa première intervention consacrée au roman de Mathias Enard, Rue des voleurs (Actes Sud), son premier choix en ce début de rentrée littéraire."Mathias Enard n'est pas un inconnu puisqu'il est déjà l'auteur de Zone et de Parle-leur de batailles qui a été un succès. Rue des voleurs est, tout en subtilité et en humanité, le roman du printemps arabe. On y a rendez-vous avec un jeune adolescent de Tanger, qui a une relation avec sa cousine et qui, surpris par sa famille, est jeté à la rue. Et, plutôt que de faire amende honorable et de rentrer chez lui, il prend le chemin de l'errance. Le premier à l'épauler dans cette nouvelle vie, c'est son ami. Celui-ci d'ordinaire n'aime pas aller à la mosquée mais il commence à fréquente des gens qui lui expliquent la religion, jusqu'à devenir intégriste. On voit ici comment des personnes en souffrance peuvent être récupérées jusqu'à commettre des atrocités. Le héros rencontre ensuite deux jeunes étudiantes espagnoles qui habitent Barcelone, il voudra s'y installer, mais sans papiers ne fera qu'y passer. Tout cela sur fond de manifestations des indignés. Ce roman a une portée universelle. Mathias Enard sait capter l'air du temps et le restituer de manière romanesque, et ça c'est le grand talent d'un écrivain.Rue des voleurs est le roman de la révolution arabe, mais aussi de la révolution tout court et pose une question importante: où nous situons-nous dans cette société très dure, en ces temps de crise.L'écriture en est prodigieuse, fluide, juste, poétique, en accord avec l'histoire."Pour plus d'informations, n'hésitez pas à vous rendre chez Filigranes à Bruxelles et à demander l'aide de Pascal et de ses collègues.