Quoi de mieux pour se déstresser avant la rentrée de regarder un petit remake de Médée ? Pasolini étant définitivement trop trash, je me suis tournée vers un drame, inspiré d’un fait divers, actuellement au cinéma : A perdre la raison. Que le cinéaste italien se rassure, je ne suis pas prête d’oublier sa version du célèbre épisode mythologique bien que celle de Joachim Lafosse soit assez intéressante.
D’emblée, en voyant quatre petits cercueils blancs transportés dans la soute d’un avion, le spectateur comprend que ses voisins ne vont pas em***der tout le monde en mâchant bruyamment déguster leur pop corn. C’est déjà ça, me direz-vous. Dans ce drame, pas de suspens. Le réalisateur veut attirer l’attention sur la dimension tragique du film, sur la lente descente vers la folie (en suivant l’héritage antique) et le meurtre.
Pourtant, tout commençait comme dans un conte de fées. Mounir (Tahar Rahim) demande Murielle (Emilie Dequenne) en mariage. Ils ne partagent pas la même culture, savent que cela sera parfois difficile, mais veulent y croire tout de même. L’horizon commence à se ternir un peu lorsque le père adoptif de Mounir propose de leur offrir leur voyage de noces… pour lequel il sera de la partie. Mais le jeune couple s’en accommode bien… surtout qu’ils vivent déjà chez André tout au long de l’année.
Très vite le couple a deux enfants. André est d’une aide précieuse sur bien des plans : il pourvoie à toutes les dépenses de la famille, rassure les parents à la moindre crainte, embauche son fils adoptif comme secrétaire médical de son cabinet, s’occupe des filles…
Peu à peu, Murielle, qui était une professeur de français trèèès enthousiaste (un “super !” toutes les deux phrases, est-ce vraiment si palpitant d’enseigner à des 6èmes ? …) semble perdre toute motivation et n’a plus une seconde à elle entre les couches, les biberons et les corvées ménagères en tout genre. Et forcément, avec le beau-père à la maison, tous les désagréments s’amplifient…
Le personnage d’André (Niels Arestrup) est assez intéressant : mi ange, mi démon, il est celui qui a “sauvé” une partie de la famille de Mounir, il est son bienfaiteur, mais en même temps c’est lui qui provoque la chute de Murielle jusqu’à la vampiriser en ayant un contrôle absolu sur sa santé notamment.
Quelques clichés ça et là cependant : le mari qui ment à sa femme pour rester plus longtemps au Maroc, la notion de respect et la claque qui vole alors que Murielle sombre peu à peu dans la dépression.
C’est finalement un film qui montre bien le principe de la dépendance : au début tout est plus facile, mais lorsqu’il n’est plus possible de faire machine arrière, les personnages les plus fragiles (Murielle et les enfants) tombent dans la spirale de la destruction.
A perdre la raison, un film de Joachim Lafosse, actuellement au cinéma.