C'est la rentrée, tous les ministres sont rentrés, certains n'étaient pas partis. Le gouvernement clarifie certaines des propositions.
Les critiques pourraient-elles être plus précises ? Pas forcément.
Big Brother ? Ben non!
Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l'Economie Numérique, a fait oeuvre de pédagogie dans les colonnes des Echos: « Nous sommes opposés à la surveillance généralisée et au filtrage. Nous
restons très attachés à ces principes. La question n'est pas de limiter
la liberté d'expression et les capacités d'innovation liées à la
neutralité du Net ». Certains s'inquiétaient déjà du rapprochement annoncé (et nécessaire) de l'ARCEP qui régule les tuyaux numériques et le CSA qui régule l'audiovisuel... et leurs tuyaux. Aussitôt annoncé, aussitôt quelques-uns stressèrent. La France allait-elle filtrer le Net comme la Chine ? Mouarf! pouvions-nous répliquer. Certains aiment le procès d'intention comme si nous étions encore en Sarkofrance. Echanger est devenu difficile.
Pourtant, chez Fleur Pellerin comme Aurélie Filippetti, il n'y avait que du bon sens: « L'arrivée de la télévision connectée nous conduit à nous interroger sur
les modes de régulation des contenus accessibles à partir des supports
de diffusion multiples. C'est autant une question sur les contours de la
régulation que sur les institutions »
Renoncements fiscaux ? Ben non!
Le ministre du Budget n'est pas à un poste enviable. Il sabre, coupe, économise, taxe. Parfois, comme ses prédécesseurs, il ne connaît pas tous les secteurs qu'il « impose ». Cahuzac a un atout. A l'inverse d'Eric Woerth, premier des ministres du budget de Nicolas Sarkozy, on ne lui connaît aucun conflit d'intérêt avec une milliardaire évadée fiscale. Il n'est pas non plus trésorier du parti socialiste ni d'aucun autre parti, comme l'était Eric Woerth. Il n'organise aucune réunion de collecte de fonds pour le Parti, comme le faisait M. Woerth quand il était ministre.
Mais Jérôme Cahuzac fait mal et fera mal. Le « redressement dans la justice » est d'abord une douleur. Il avait au moins une bonne nouvelle pour ces jours: la fiscalité du Livret A, malgré le relèvement (promis par Hollande) du plafond de versement, ne sera pas alourdie.
Jeudi 23 août, Cahuzac a prévenu d'un prochain plafonnement à 10.000 euros par an du bénéfice des niches fiscales. Et aussi qu'un retour de la publicité sur les chaînes de France Télévision était à l'étude. Sacrilège pour la droite et pour la gauche ! Cette dernière mesure était l'un des cadeaux fait aux chaînes privées en 2008. Avant la crise, même la gauche espérait une télévision publique sans coupures publicitaires. Mais il fallut compenser par une nouvelle ponction fiscale.Vendredi dernier, sa collègue de la Culture a remis cette pendule à
l'heure - pas de retour de la pub sur France Télévisions après 20
heures.
Espérons que Mediapart est (provisoirement) rassuré.
Chamailleries nucléaires ? Ben oui !
« Pour ma part, je considère que le nucléaire est une filière d'avenir » a déclaré Arnaud Montebourg chez BFM-TV dimanche soir... Interrogé lundi matin sur Europe 1, Manuel Valls abonde sur les propos de son collègue. Quelle surprise ? Qui croyait que François Hollande avait décidé d'abandonner le nucléaire ? L'UMP bien sûr ! Rappelez-vous la campagne ! Nicolas Sarkozy nous assurait qu'Hollande voulait tout fermer, tout abandonner. C'était faux, mais ça a laissé quelques traces.
Sans davantage de surprise, voici que quelques écologistes dont Noël Mamère sautent sur l'occasion: « S'il n'y a pas d'explication et s'il n'y a pas de remise en cause des
déclarations d'Arnaud Montebourg, nous serons en droit, nous,
écologistes, de nous interroger sur la validité des accords que nous
avons passés dans cette majorité».
Le nucléaire est un chiffon rouge trop facilement agité, trop facilement décrié.
Lundi soir sur CANAL+, même Jean-Luc Mélenchon a lui aussi exprimé son désaccord avec les propos de Montebourg. L'ancien leader du Front de Gauche faisait sa rentrée télévisuelle. Il confia combien il ne croyait plus au nucléaire.
Baisser le prix de l'essence ? Ben, comment ?
Au
plus fort de la campagne, Nicolas Sarkozy expliquait qu'on n'y pouvait
rien si les prix de l'essence flambaient. François Hollande promis d'en
bloquer le tarif quelques semaines si l'inflation se poursuivait.
Quand
les prix de l'essence baissèrent quelques semaines après l'élection, il
y eut quelques (crétins) UMPistes pour s'inquiéter que le gouvernement
Ayrault n'ait toujours pas figé ces tarifs. On s'amusait. Voici que
l'inflation a repris. C'est assez prévisible. Les ressources fossiles
sont limitées et les tensions sur l'approvisionnement ne manquent pas.
Pierre
Moscovici, le ministre de l'Economie, a promis: cette semaine, le
gouvernement allait concéder une baisse des taxes pour modérer les
tarifs. On espère 2 à 4 centimes de baisse pour les consommateurs.
Les principales organisations de défense des consommateurs ont été
reçues lundi, avant une réunion avec les distributeurs ce mardi.
Le chômage explose? Ben oui !
Les statistiques du chômage à fin juillet sont tombées. Evidemment, les chiffres sont mauvais, très mauvais. La hausse est historique: près de 3 millions de personnes n'ont exercé absolument aucune activité en juillet dernier (2.987.000 pour être précis, soit +41 300 chômeurs de plus en un mois). Quinze mois que cela dure. La fin de tous les CDD du premier semestre renchérit la facture. Au total, le nombre des personnes inscrites à Pôle emploi en recherche active d’emploi atteint 4.733.000.
Jean-Marc Ayrault a concédé qu'il devrait sans doute revoir à la baisse la prévision (de 1,2%) de croissance du PIB l'an prochain (« effectivement, il y a une baisse de la croissance partout, même l'Allemagne ) . Son budget 2013 serait « honnête, sincère, réaliste et volontariste » a-t-il déclaré sur France 2. Contre le chômage, « Nous prenons entreprise par entreprise et avec les partenaires sociaux nous essayons d'apporter des solutions concrètes. (...) En même temps il faut engager les réformes de structure. (...) Le résultat vous pourrez le mesurer chaque jour mais vous pourrez aussi le mesurer à la fin du quinquennat (...) notre action s'inscrit dans la durée ».
Leur action s'inscrit dans la durée.
A droite, l'UMP avait déclenché les hostilités, c'est-à-dire ses primaires.
Nous allions nous régaler.