Merry-go-round

Par Jlhuss

par Arion 

On dit « faire un tour de manège », mais chaque tour en vaut dix, de faux départs, de faux retours, au cercle de l’absence impossible ; trois minutes d’enfance giratoire, entre un ticket qu’on tend, une main qui fait signe, un pompon qu’on attrape, et les pleurs au sortir de la ronde quand on voulait tourner toujours, toujours, dans la chanson gentille, la lumière de bonbon et le sourire des mères.

Les hommes aussi suivent les fruits de leurs entrailles, plus lourds aux bras, plus rétifs aux baisers, sourds aux sourires, comme imbus de considération dans l’office du chauffeur de bus ou de la dompteuse de loup. Risette déconseillée. Restez graves. Vous n’avez qu’à penser que vos gènes se multiplient. Ou bien faites des photos. Le numérique est la contenance des pères.

Puis l’ennui rôde en cette fête où la rêverie tourne en rond. C’est alors la minute de la panthère à queue caduque. Elle virevolte soudain sur les têtes, dévoreuse d’insouciance, leveuse de bras avides. Le tour devient concours. Une main à moto brandit l’appendice arraché : applaudissements ; deux joues ruissèlent dans le side-car : consolations. Arrêt. Changement de montures. C’est la vie. Déjà.