Au moment ou je vous écris cet article, je suis presque entrain de chialer comme un saule pleureur mais bon je vais vite m’arrêter car question liquide on a eu ce qu’il fallait avec les inondations ces jours-ci, et puis ce n’est pas pratique d’écrire avec les yeux embués de larmes, on y voit plus rien.
Pourquoi je pleure ?
De joie, de tristesse, de nostalgie ?
Un peu de tout çà car aujourd’hui jour pour jour cela fait un an que j’ai quitté ma Lorraine natale pour venir m’installer à Ouakam.
Des souvenirs me reviennent en tête :
Le chauffeur qui avait mis la climatisation tellement forte que je me suis demandée s’il voulait recréer l’ambiance du pôle nord pourqu’on ne soit pas trop dépaysés !!
L’odeur de la mer, le bruit des vagues à 4h du mat’ sans voir cette gigantesque et magnifique étendue d’eau entourant la capitale.
La découverte de cette vue sublime avec palmiers et océan à perte de vue sur le balcon chez belle-maman.
Un an, le temps est passé à une vitesse grand V et pourtant on dit que les Sénégalais sont nonchalant et qu’au soleil le temps passe plus lentement car on se laisse bercer par la chaleur et le soleil, au rythme des vagues !!
Et bien pour moi c’est comme si nous étions arrivés hier, il y a un an nous entreprenions un sacré voyage fait de taxis, TGV,nus, avion, voiture … un vrai parcours du combattant avant de pouvoir poser nos valises chez ma belle-mère en pleine nuit avec une température agréable juste après une petite pluie rafraichissante, avant de nous réveiller quelques heures plus tard dans un four en ayant l’impression d’être le mouton de la Tabaski entrain de cuire.
Nous partions à 4 et demi et nous ne savions pas encore que 9 mois plus tard une petite princesse nous rejoindrait.
Alors le bilan :
On s’y fait :
L’appel à la prière : je pensais que chaque matin pour le restant de mes jours j’allais me réveiller en sursaut à cause du haut-parleur « low-tech » de la Mosquée toute proche.
Le marchandage :après être passée par plusieurs étapes aujourd’hui je me débrouille comme un chef, j’ai même ma propre technique à la Fbi pour avoir un bon prix !
La non-ponctualité ou l’éternelle retardite aiguë : au début çà m’éneeeeeeeeeeeeeervait !! Maintenant si je veux que les gens viennent à 16h je les invite à 14h mais il y a des petits malins qui ont compris mon petit manège et viennent quand même à 18h !!D’ailleurs je m’y suis mise aussi à être en retard mais quoi que je fasse je suis encore et toujours la première arrivée !
Vivre à côté de la mer : là ce n’est pas on s’y fait mais plutôt on adore,avec une mention spéciale pour la petite « plage » en bas de la Mosquée de la Divinité, un endroit tout simplement magique.
Vivre en tong toute l’année : là c’est le pied, c’est le cas de le dire !!Je suis incapable de mettre des chaussures fermées maintenant.
L’accueil toujours chaleureux, l’hospitalité: tu peux aller n’importe où chez des gens que tu connais ni d’Awa ni d’Adama eton te proposera de t’assoir, à boire à manger, même partager une assiette qui était sensée être pour une seule personne, c’est çà la Teranga !
Les repas en famille ou entre amis : Chaque vendredi tout le monde se rassemble après la prière du vendredi autour d’un bon plat de Tiep Bou Dienn.
Partager un bon gigot avec frites et salade ou un bon plat de poulet et attiéké servi dans un plat unique, çà permet de passer de bonnes soirées entre amis beaucoup plus conviviales que si on servait le plat à chacun dans son assiette.
La galanterie : à l’aéroport par exemple femmes et enfants passent avant tout le monde, on s’occupe de vous, on vous aide.
Voir mes enfants grandir librement : jamais je n’aurais osé laisser mon garçon jouer en bas de l’immeuble sans crainte, ici il y a toujours les gardiens de l’immeuble, le boutiquier, le vendeur de fruit qui veillent sur les enfants.
Ne jamais rien programmer : de toute façon les projets sont toujours bousculés, alors on fera ce que l’on devait faire la semaine dernière et celle d’avant …. Euh un jour Inchallah !!
On ne s’y fait pas :
L’éloignement d’avec la famille, les amis : SMS, MMS, MSN, skype, facebook , le téléphone, n’apaisent pas le vide causé par leur absence.
La chaleur : quand tu sue, coule, dégouline, au moindre petit mouvement c’est pénible.Je rêve souvent de fraîcheur Mosellane de temps en temps
La pauvreté : les Talibés, les femmes en chaise roulante avec leur enfant au dos faisant la manche, on aurait bien envie d’aider tout le monde, c’est tellement triste.
Les arnaques à tout va : le mécano, l’informaticien, le réparateur de téléphone qui soit disant te réparent tes appareils et qui font plus de dégâts qu’autre chose. Ou ceux qui te promettent de te réparer un truc pour le mardi suivant et que tu ne revois plus jamais !!
Les préjugés : toubab =portefeuille, un noir+une blanche = papier ou argent ou sexe mais quoiqu’il en soit jamais un mariage d’amour seulement de l’intérêt (en France autant de préjugés mais pas forcément les mêmes !!)
Ne pas pouvoir acheter des produits laitiers autant que je le désire : il y a déjà un cruel manque de choix et le prix, c’est juste affolant.je rêve de Chaource, brie, Munster, fromage de chèvre, et de crème fraiche !!!
Les routes ou plutôt pistes : se faire secouer comme un prunier , façon orangina secoue secoue moi à chaque fois que tu prends la voiture pour aller d’un point A à un point B, goudron où es-tu ??
Alors en un an le bilan : positif ou négatif ?
Je ne saurais encore te dire, il a des plus et il y a des moins.
Je suis encore en période d’adaptation, oui je sais je suis lente à la détente !!
Dans quelques mois avec un boulot, une vie sociale, des kilos en moins et un bon niveau de Wolof je te referais un article qui te dira : mais c’est génial le Sénégal, avec presqu’aucune ombre au tableau…. InchAllah !