Cela a été le feuilleton de l’été. Une histoire passionnante qui a tenu en haleine tout le monde high-tech durant un mois : le procès opposant Apple à Samsung. Rappelons déjà les faits. Apple accuse Samsung d’avoir copié son iPhone et violé plusieurs de ses brevets. Sont notamment mis en cause les produits de la gamme Galaxy, comme le smartphone Galaxy S et la tablette Galaxy Tab 10.1. Cela fait plusieurs années que les deux firmes se livrent une bataille juridique sans merci, à coup de décisions de Justice un peu partout à travers le monde (UK, Allemagne, Australie, Corée du Sud…). Une médiation a bien été tentée en mai dernier, mais sans succès. Le procès tant attendu, qui devait décider de l’avenir des deux sociétés aux États-Unis, vient de se terminer, et la victoire d’Apple amène maintenant beaucoup d’interrogations. Quels ont été les critères des jurés ? Qu’est ce que cette victoire pourrait changer dans le monde de la téléphonie ? Quelles seront les suites ?
Une cour de Justice impartiale ?
Dès le début du procès, la juge Lucy Koh, en charge du dossier, a renvoyé Samsung dans les cordes en refusant d’inclure dans les pièces à conviction certaines données de la firme coréenne. Samsung a alors diffusé ces pièces à la presse, pièces qui tendraient à prouver que le géant coréen travaillait déjà sur des smartphones avant l’iPhone. Cette diffusion a provoqué la colère de la juge après Samsung. La fiabilité du jury a également été remise en cause. Le procès se déroulant à San José, à deux pas de la Silicon Valley où se situe le siège d’Apple, les jurés étaient dès le départ parti prenant. Samsung a même du batailler pour exclure du jury un employé d’Apple qui se trouvait là. De même, les délibérations semblent avoir été faites à la va-vite, les jurés ayant suivi un de leur membre détenteurs de brevets, et qui aurait pris le parti d’Apple. Enfin, les jurés se seraient concentrés sur la partie émergée de l’Iceberg, c’est-à-dire les parties visuelles, en délaissant complètement les parties techniques, comme la gestion du WiFi et de la 3G, ardemment défendues par la firme coréenne.
Rappel du verdict
Pour rappel, Samsung a été condamné à payer la somme astronomique de 1 049 343 540 de dollars. Une sanction économique lourde, mais bien loin des 2,5 milliards de dollars demandés par Apple. Samsung a été reconnu par le jury coupable d’avoir violé 5 brevets de la Pomme, notamment les brevets concernant le design, comment le pincer pour zoomer ou les apparences des icônes. Bref, une lourde défaite pour Samsung au terme d’une bataille féroce.
Ce qui pourrait (théoriquement) changer
Cette décision de Justice pourrait bouleverser le modèle économique que nous connaissons aujourd’hui. Plus qu’une victoire contre Samsung, cette décision est un sérieux avertissement d’Apple à ses concurrents. Décision faisant état de jurisprudence, les concurrents réfléchiront à deux fois avant de commercialiser un produit reprenant les fonctionnalités instaurées par Apple. Et ce même si Google à déjà déclaré qu’il ne changerait rien à sa politique, le jugement ne remettant pas en cause Android. Les concurrents vont tout de même donner un gros coup de frein sur l’innovation. Ou alors, ces derniers payeront des accords de licence extrêmement coûteux à la Pomme, ce qui aboutira à des produits beaucoup plus chers. Samsung, grand perdant du procès ? Non. C’est finalement le consommateur qui sera perdant. Le procès se déroulant aux États-Unis, l’un des plus gros marchés au monde, ils seront donc plus frileux à innover en se basant sur des technologies déjà existantes.
Et maintenant ?
Samsung fera appel de toute façon, si la décision du jury n’est pas invalidée d’ici là. De toute manière, Google ne changera rien à sa politique, de même pour Samsung. En effet, le géant coréen a diffusé un mémo interne, indiquant que malgré la déception qu’est l’amende d’un milliard de dollars, il continuerait sur sa lancée. En effet, ce mémo, diffusé par Slashgear, indique que Samsung tient compte de la décision de Justice californienne, mais également de celles prononcées un peu partout dans le monde, notamment en Europe, qui ont donné raison à l’entreprise du pays du matin calme. Bref, un procès surmédiatisé, dont les conséquences, bien qu’annoncées extrêmement importantes, pourraient être minimes au final.