Non, décidément, la journée appartiendrait bien à Expendables 2… pourtant ce n’était pas gagné d’avance. Le souvenir du premier Expendables, en 2010, était là pour me le rappeler. Le souvenir d’un film affreusement raté pour lequel Stallone, qui était alors derrière la caméra, n’avait pas compris ce qu’il fallait faire d’un film d’action réunissant des ex-gloires du cinéma d’action des années 80 et 90, du moins ce que les spectateurs en attendaient. Il manquait l’essentiel, le recul. Son film oubliait de lorgner avec amusement sur le passé, et se contentait de faire un film comme à la grande époque. L’annonce d’une suite a bien sûr fait naître la méfiance. Avec le succès du premier au box-office, si Stallone ne prenait pas la peine d’écouter les doléances de son public, le résultat risquait d’être égal, donc inutile.
Mais malgré la méfiance, allez comprendre, l’excitation était là. Bien sûr, l’annonce qu’Arnold Schwarzenegger et Bruce Willis se verraient accorder plus de temps à l’écran a joué en la faveur du film, mais il ne fait aucun doute que c’est l’ajout au casting de Chuck Norris et Jean-Claude Van Damme qui a fait grandir la curiosité, et le buzz avec. Malgré la déception du premier, l’envie de voir cette suite a finalement été immédiate, et c’est donc dans une salle pleine que je l’ai rapidement découvert. Et il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour se rendre compte que Sylvester Stallone et Simon West (qui a pris les commandes de la réalisation, Sly restant producteur et co-scénariste) ont su corriger en grande partie le tir avec Expendables 2. Cette fois Stallone a compris ce qu’on attendait de lui, et de son film.
Mais bon, on arrive à pardonner ces égarements au film, parce que tout le reste est énorme. Tout le reste n’est qu’un bonbon sucré de deux heures plein de second degré, d’humour et de clins d’œil à ces stars du cinéma d’action avec lesquelles certains d’entre nous ont grandi. Cette fois-ci, Stallone et son équipe parviennent inscrire le recul dans l’ADN du film. Schwarzenegger fait retour sur retour, Van Damme envoie les high kicks avec aisance, Dolph Lundgren joue au costaud qui en aurait dans la cervelle, et Chuck Norris fait le vieux loup solitaire qui dézingue à toute berzingue. Ils arrivent tous à tirer un tant soit peu la couverture à eux pour notre plus grand plaisir. Il faut vivre le film dans une salle pleine de 450 personnes dont une majeure partie est venue pour se délecter des héros de son enfance. Il faut les sentir boire chacune des répliques de JCVD, il faut les entendre se gondoler quand Dolph Lundgren fait du gringue à la fille de la bande, il faut ressentir l’osmose de la jubilation lorsque Chuck Norris apparaît à l’écran après avoir explosé à lui seul une vingtaine d’ennemis et un tank en 10 secondes à peine. Voilà, c’était cela qu’il fallait faire. Réunir non pas les gloires d’antan, mais les acteurs les ayant incarnés, vingt ans plus tard, avec leurs bagages, leurs réputations, leurs images.