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"Expendables 2" : des applaudissements pour Chuck Norris !

Par Tred @limpossibleblog

Quoi qu’il arrive ce samedi-là, je savais que la journée avait de belles chances de se clore dans la jubilation. A peine rentré de vacances, la course au rattrapage des films avait commencé, et même si la raison aurait voulu que je laisse de côté pour le moment « Expendables 2 : unité spéciale », de par sa sortie toute récente et son succès annoncé, l’envie était, après une privation de ciné de près de trois semaines, plus forte que la raison. Alors je me suis gardé le film pour le samedi soir, entre amis, dans une salle appelée à être pleine à craquer, histoire d’être sûr de finir la journée en beauté, malgré les déceptions potentielles de l’après-midi, qui elles se confirmèrent bien. « Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare » et son voyage pré-apocalyptique pépère et pétri de bons sentiments. « Magic Mike » et les déhanchés épilés et musculeux de Channing Tatum et ses potes devant la caméra de Steven Soderbergh investiguant le superficiel sans grande conviction (mais oui, d’accord, Matthew McConaughey est drôle).
Non, décidément, la journée appartiendrait bien à Expendables 2… pourtant ce n’était pas gagné d’avance. Le souvenir du premier Expendables, en 2010, était là pour me le rappeler. Le souvenir d’un film affreusement raté pour lequel Stallone, qui était alors derrière la caméra, n’avait pas compris ce qu’il fallait faire d’un film d’action réunissant des ex-gloires du cinéma d’action des années 80 et 90, du moins ce que les spectateurs en attendaient. Il manquait l’essentiel, le recul. Son film oubliait de lorgner avec amusement sur le passé, et se contentait de faire un film comme à la grande époque. L’annonce d’une suite a bien sûr fait naître la méfiance. Avec le succès du premier au box-office, si Stallone ne prenait pas la peine d’écouter les doléances de son public, le résultat risquait d’être égal, donc inutile.
Mais malgré la méfiance, allez comprendre, l’excitation était là. Bien sûr, l’annonce qu’Arnold Schwarzenegger et Bruce Willis se verraient accorder plus de temps à l’écran a joué en la faveur du film, mais il ne fait aucun doute que c’est l’ajout au casting de Chuck Norris et Jean-Claude Van Damme qui a fait grandir la curiosité, et le buzz avec. Malgré la déception du premier, l’envie de voir cette suite a finalement été immédiate, et c’est donc dans une salle pleine que je l’ai rapidement découvert. Et il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour se rendre compte que Sylvester Stallone et Simon West (qui a pris les commandes de la réalisation, Sly restant producteur et co-scénariste) ont su corriger en grande partie le tir avec Expendables 2. Cette fois Stallone a compris ce qu’on attendait de lui, et de son film.
Alors bien sûr, dans les grandes lignes, le scénario du film ne casse pas plus la baraque que le premier. Les « expendables » se voient chargés de mettre la main sur le contenu d’un coffre hautement précieux, ils se font truandés par un méchant belge bien appelé Vilain qui en profite pour tuer l’un des leurs. Alors les mecs l’ont bien en travers de la gorge et décident de se venger. « Track him, find him, kill him ». Ce n’est pas avec ça que Stallone aura l’Oscar du meilleur scénario, c’est certain, d’autant qu’un défaut majeur du premier film n’a pas su être écarté, l’excès de sentimentalisme. Certes, il y en a moins que dans le premier, mais il en reste trop, avec une autre histoire d’amour platonique entre Stallone et une fille bourrée de cojones qui pourrait être sa fille, et le personnage absolument ridicule du Kid, nouveau de la bande qui nous raconte son passé de soldat en Afghanistan avec le charisme d’une huître qu’affiche magnifiquement Liam Hemsworth (oui, celui de « Hunger Games »).
Mais bon, on arrive à pardonner ces égarements au film, parce que tout le reste est énorme. Tout le reste n’est qu’un bonbon sucré de deux heures plein de second degré, d’humour et de clins d’œil à  ces stars du cinéma d’action avec lesquelles certains d’entre nous ont grandi. Cette fois-ci, Stallone et son équipe parviennent inscrire le recul dans l’ADN du film. Schwarzenegger fait retour sur retour, Van Damme envoie les high kicks avec aisance, Dolph Lundgren joue au costaud qui en aurait dans la cervelle, et Chuck Norris fait le vieux loup solitaire qui dézingue à toute berzingue. Ils arrivent tous à tirer un tant soit peu la couverture à eux pour notre plus grand plaisir. Il faut vivre le film dans une salle pleine de 450 personnes dont une majeure partie est venue pour se délecter des héros de son enfance. Il faut les sentir boire chacune des répliques de JCVD, il faut les entendre se gondoler quand Dolph Lundgren fait du gringue à la fille de la bande, il faut ressentir l’osmose de la jubilation lorsque Chuck Norris apparaît à l’écran après avoir explosé à lui seul une vingtaine d’ennemis et un tank en 10 secondes à peine. Voilà, c’était cela qu’il fallait faire. Réunir non pas les gloires d’antan, mais les acteurs les ayant incarnés, vingt ans plus tard, avec leurs bagages, leurs réputations, leurs images.
J’aurais aimé voir plus de Chuck Norris (dont l’entrée en scène a valu des applaudissements nourris de la salle), j’aurais voulu que Van Damme ne soit pas affublé d’une horrible paire de lunettes de soleil les trois-quarts du temps cachant ce regard si expressif, j’aurais voulu que la réplique de Schwarzy « My shoe is bigger than this car » n’ait pas été dévoilée par la bande-annonce pour m’en délecter lorsqu’elle fit son apparition dans le film. Mais pour rien au monde je ne regretterai d’avoir vu « The Expendables 2 : unité spéciale », un samedi à 20h40 la semaine de sa sortie. Pour rien au monde je ne regrette que cette suite existe. Le premier était raté, le second est là pour rester dans nos esprits.

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