“Jamais plus mes filles ne seront des nouveaux-nés mais la danse, elle, est une renaissance perpétuelle, la danse ne grandit pas de cette façon étrange, imprévisible, la danse ne vieillit pas, elle se sert de mon corps pour dire ce qu’elle a à dire mais elle ne vieillit ni ne change, moi je mourrai, ça n’a pas d’importance mais comment faire pour danser si mes enfants vont mourir”
La Virevolte, roman de Nancy Huston, met en scène l’impossible conciliation entre la passion (la danse) et la maternité.
Lin est une danseuse professionnelle, qui semble plutôt heureuse même si elle a la certitude que quelque chose doit changer. Entourée de son mari et de ses deux enfants, Angela et Marina, elle ne cesse de danser, des heures durant bien que son rôle de mère prenne de plus en plus de temps. Un jour, on lui propose de partir danser à l’étranger, loin des siens. Finalement, comment réussir à ne pas s’oublier quand on devient parent ?
Le roman développe la question de la maternité, et de la question de la liberté de la mère, de son existence, de sa réalisation en tant qu’individu. Faut-il se sacrifier pour élever son enfants ? Doit-on abandonner sa passion pour le bien-être de la famille ?
Le corps est omniprésent dans ce texte par la danse, bien sûr, mais aussi par la thématique de la sexualité. Le duo formé par les soeurs est assez intéressant car elles sont très différentes mais complémentaires, un peu comme certains personnages de ballet.
Quelques entretiens que j’ai pu lire semblent mettre en évidence la biographie de l’auteur comme source d’inspiration au roman, sa mère ayant quitté le domicile familial lorsque Nancy Huston avait six ans, pour recommencer sa vie.
Quoi qu’il en soit, c’est un beau roman, touchant, qui soulève des questions auxquelles la plupart des parents sont confrontés… même si dans le roman, celles-ci sont exacerbées !
Nancy Huston, La Virevolte, éditions Actes Sud