Nous apprenions avant hier soir la disparition de l’astronaute Neil Armstrong, connu pour deux grandes raisons: il est le premier Homme a avoir posé le pied sur la lune, mais il est aussi connu pour cette phrase historique « Ceci est un petit pas pour l’Homme, et bond de géant pour l’humanité ».
Le 20 Juillet 1969, à 2h56 (UTC) ce dernier posa le pied sur la lune, devant un monde ébahit qui découvrait les images à la télévision. Il faut se rappeler que la télévision était en noir et blanc et peu répandu, d’ailleurs de nombreuses personnes étaient allées voir ce rendez-vous mythique soit chez leurs voisins, soit chez des proches possédant la télévision. Grace à la technique Mondovision, on estime que 500 millions de personnes ont assisté à cet évènement.
40 ans après, un fantasme subsiste toujours: les Américains sont-ils vraiment aller sur la lune ? Les images ont elle été tournées par Stanley Kubrick en studio ? J’élude immédiatement toute discussion sur la théorie du grand complot car ce n’est l’interet de ce blog.
En revanche, dans les principes du storytelling, voici un très beau principe: le documenteur.
Le documenteur est comme vous l’aurez compris un documentaire qui ment volontairement. L’idée de base est tout simplement fantastique puisque elle emploie la confiance aveugle du public dans les documentaires. En effet, pour la grande majorité des gens un documentaire est un travail journalistique et d’enquête, sérieux et par essence véridique.
William Karel s’est appuyé sur ce constat et cette confiance pour créer un documenteurs des plus connus et des plus polémiques: Opération Lune (Dark side of the moon) diffusé le 1er Avril 2004 sur Arte, dont voici le pitch original:
« Un documentaire d’intrigue, subtil mélange de faits réels, de fiction et d’hypothèses autour d’un événement qui marqua le XXe siècle : la course à la Lune. Richard Nixon était-il prêt à tout pour assurer la suprématie des États-Unis dans la conquête de l’espace ? Y a-t-il vraiment eu des « retransmissions en direct » de la Lune ? Quels liens Stanley Kubrick entretenait-il avec la Nasa ? Construit autour de réelles interviews d’Henry Kissinger, Donald Rumsfeld ou Buzz Aldrin, ce film jette le trouble et nous rappelle le pouvoir des images et leur possible manipulation. »
Comment transformer ces questions en doutes assez forts pour emmener le public et le convaincre que les Américains ne sont jamais allés sur la Lune ? William Karel s’est appuyé tout simplement sur des points qui peuvent prêter aux doutes: Nixon qui n’a pas assisté au lancement de la fusée, les astronautes ont fait des dizaines de milliers de kilomètres pour rester seulement trois heures sur la Lune, Godard était passé sur TF1 en affirmant « Ce direct est un faux », etc.
Nous avons donc les questions, les points de doutes, il ne reste plus qu’au cinéaste à apporter des témoignages assez crédibles pour soutenir et entretenir le doute et créer une théorie relativement crédible, du moins convaincante. Selon ses propres mots:
« L’idée était de détourner des entretiens, et nous n’avons mis aucun des témoins dans la confidence, ni les gens de la NASA, ni Aldrin, ni la femme de Kubrick, ni le frère de celle-ci. […] En détournant leurs témoignages, il suffisait d’avoir un « faux » témoin, en l’occurrence la secrétaire de Nixon, pour faire le lien et rendre l’histoire crédible. Aux « vrais » témoins, nous disions que nous faisions un film sur Kubrick, sur son film, sur la Lune ou sur la NASA, et nous leur posions des questions un peu vagues… »
Voici l’un des teaser
Dans le prolongement de cette histoire, vous l’aviez peut etre noté, en 2006 la NASA annonçait avoir perdu les enregistrements originaux des vidéos du premier pas sur la Lune, ce qui fut confirmé par le même service à l’été 2009. Cette annonce a engendré un volume de requête Google mondial assez important sur la combinaison « Moon + Fake » ce qui confirme bien qu’un doute persiste pour beaucoup et que William Kerel a dû y participer. Le principe qu’une institution aussi grande que la NASA puisse perdre les enregistrements constitue une « preuve » de cette mise en scène.
Le sujet de l’article n’est pas de débattre de la véracité du voyage, mais de ce principe de documenteur qui a largement ouvert la voix à de nouvelles productions qui ont rencontré un certain succès, que ce soit au cinéma ou en documentaire, dont vous trouverez une liste ici.
Ce qui est intéressant dans cette idée, c’est qu’a partir du moment ou l’on donne un aspect crédible au sujet, appuyé par quelques interview d’experts (réels ou fictifs), il est possible de faire croire ou du moins de susciter le doute. Ce type de faux documentaires avait d’ailleurs été parfaitement employé par la SNCF avec son agence DDB sur le projet Transatlantys (considéré comme un des premiers vrai buzz Francais). Ces derniers avaient bati un projet fanstamagorique: celui d’un tunnel ferroviaire qui rejoindrai l’Europe et les Etats-Unis. Mais comment faire croire cela ? En batissant tout un site internet alimenté en dessins technique et autres témoignages vidéos d’experts le tout sous forme de documentaire. De mon souvenir, ce buzz avait largement alimenté les débats sur les forums entre experts, ingénieurs et grands publics constitutant deux camps bien distincts, les convaincus et les autres. A titre personnel, un élément factuel me donnait envie d’y croire, le tunnel sous la manche.
Pour conclure le documenteur est un excellent outil de communication pour exploiter des failles, des doutes et bien entendu communiquer sans recourir aux grands media traditionnels, en revanche ce dernier contribue fortement aux doutes du public dans les média.
Enfin, il reste deux choses importantes à dire, tout d’abord souhaiter à Neil le plus beau des voyages, celui dont on ne revient pas et saluer sa qualité d’Homme qui a toujours vécu une vie normale dans un presque anonymat en témoigne sa non participation à la campagne Louis Vuitton.
NB: Je vous incite à acheter le DVD du documentaire ici, mais vous pourrez aussi le trouver en ligne sur Youtube.