Alors que l'étiologie des fausses couches à répétition reste inexpliquée, il se trouve que les femmes concernées semblent « plus fertiles » car elles mettent moins de temps à concevoir que les femmes à la fertilité moyenne, ce qui peut être dû à une implantation plus fréquente d'embryons non viables. C'est ce qu'explique cette équipe internationale, dans l'édition du 25 juillet de la revue PLoS ONE. Les cellules de l'utérus de patientes ayant subi des fausses couches multiples perdent une partie de leur capacité de discernement sur la viabilité de l'embryon.
Les chercheurs de l'University Medical Center Utrecht (Pays-Bas), de l'Endokrinologikum Hamburg (Allemagne), des universités de Warwick et Southampton (UK) ont donc examiné l'hypothèse que chez certaines femmes à fausses couches multiples et inexpliquées, la muqueuse de l'utérus n'est pas en mesure de distinguer entre embryons conformes et non-conformes et « accepte » des embryons de mauvaise qualité qui ont peu de chances de se développer normalement. Cette petite étude a analysé des prélèvements de cellules stromales endométriales (de la muqueuse de l'utérus) de 6 femmes ayant subi des fausses couches récurrentes et de 6 femmes témoins qui avaient eu des grossesses normales.
Des cellules endométriales sans discernement : Ils constatent, après une incubation de 18 heures, que les cellules des femmes témoins s'adaptent uniquement à des embryons de 5 jours de bonne qualité, et migrent vers les cellules trophoblastiques qui entourent l'embryon (et vont former le placenta). Alors que les cellules des femmes ayant eu des fausses couches récurrentes ne semblent pas faire la différence entre embryons viables ou non. Ainsi, chez les femmes ayant eu des fausses couches récurrentes, la migration des cellules de l'endomètre à l'embryon de mauvaise qualité n'est pas réduite et est comparable à la migration vers l'embryon de bonne qualité.
Un utérus moins sélectif : Les chercheurs concluent que les cellules de la muqueuse de l'utérus de femmes ayant des fausses couches récurrentes ne parviennent pas à distinguer entre les embryons de « bonne ou mauvaise » qualité. Ces résultats permettent de mieux comprendre l'étiologie des fausses couches à répétition et peut-être de mieux pouvoir détecter le risque, à partir des cellules de la muqueuse de l'utérus. Cependant, précisent les auteurs, il s'agit d'une toute petite étude, dont les résultats doivent encore être confirmés voire mieux expliqués. Il reste ainsi à déterminer comment les cellules de l'utérus peuvent reconnaître un embryon de mauvaise qualité, à partir d'une anomalie génétique ?
Source: PLoS ONE 7(7): e41424. doi:10.1371/journal.pone.0041424 July 25, 2012 Endometrial Stromal Cells of Women with Recurrent Miscarriage Fail to Discriminate between High- and Low-Quality Human Embryos
Lire aussi :FAUSSES COUCHES répétées: Même délai de conception que pour les autres femmes