Kinshasa — 11 août 2007- 11 août 2012, voici cinq ans déjà, jour pour jour, depuis que l'artiste musicien Madilu System dit le Grand Nindja a quitté la terre des vivants, âgé alors de 55 ans, à la suite d'une crise cardiaque. À cette occasion, sa famille, ses amis et connaissances ainsi que ses collègues se sont recueillis sur la tombe de l'illustre disparu au cimetière de la Gombe où ils ont déposé des gerbes de fleurs.
On a salué la présence remarquable du Congolais d'en face, Me Vincent Gomez, ami et mécène de Madilu, à la tête d'une délégation. Ont fait également le déplacement de Kinshasa la veuve Pierrette Biya et sa fille Magali, qui représentait ses frères et soeurs restés en France.
Pour ceux qui ne le savent pas, Vincent Gomez est célèbre, non seulement pour avoir été chanté par Grand Ninja mais, aussi pour sa fidélité jamais démentie par rapport à ses relations avec le disparu. Rappelons qu'il y a deux ans, ce grand mécène brazzavillois offrait une pierre tombale superbe pour le souvenir inoubliable de son ami.
A l'occasion du 5ème anniversaire du douloureux événement, il vient de doter «Bana System », l'orchestre laissé par son frangin ami, d'un instrument de musique pimpant neuf d'une haute qualité.
Parmi les musiciens, on a noté seulement la présence de Ferré Gola, Fally Ipupa, Dakumuda, Lambio Lambio, Mbilia Bel, Souzy Kaseya, Jeannot Bombenga, Verckys Kiamwangana et Lutumba Simaro et son groupe Bana Ok. Parmi les collègues venus d' Europe et des Etats-Unis, on retrouve notamment le soliste Chicco Mawatu et le chanteur Danos Niboma Canta.
Voici les grands absents ! L'absence de JB Mpiana, Koffi Olomidé, Nyoka Longo et Werrason qui sont considérés comme les grands de cette génération, n'a pas laissé indifférents les Kinois sur place au cimetière. Alors qu'ils se retrouvent tous à Kinshasa, ces ténors de la musique congolaise ont décliné les invitations adressées par le groupe Multi System.
"L'essentiel est que ceux qui sont venus, nous ont beaucoup réconforté. On ne regrette personne mais à moins qu'ils soient appelés à d'autres occupations. La mort est le chemin de tout le monde ne dit-on pas que l'on ne récolte que ce qu'on aura semé ? Madilu mérite plus que ça ", a déclaré un fanatique kinois rencontré au cimetière. Qu'à cela ne tienne !
La présence de grandes personnalités politiques et culturelles du pays est une preuve suffisante de la place que le regretté artiste occupait dans le coeur de Congolais.
Le Sénateur Edouard Mokolo Wa Mpombo, le ministre provincial Godard Motemona, le député National Jean-Claude Mvuemba et d'autres amis de la culture comme Lukunku Sampu, Patchelli Madilu. Cette triste commémoration a été marquée par une messe d'action de grâce qui a été dite en mémoire du Grand Nindja en la cathédrale Notre Dame de Lingwala.
Une messe en mémoire du Grand Nindja ! L'Abbé Yves Koko, qui a célébré la messe, a salué la présence des artistes précités. A ses yeux, cet acte était un signe évident d'amitié à l'endroit de l'illustre disparu. L'officiant catholique a en outre résumé l'oeuvre de Madilu System qu'il a présenté, à cet effet, comme un chantre de l'amour, de la socialisation de l'amour.
Il a soutenu ses propos par la chanson « Destin » dont il a décortiqué le message devant l'assistance. A cette occasion, le prêtre a mis en exergue la fonction socialisante de l'amour qui constitue un facteur d'union, non de division des familles, des époux.
Pour l'Abbé Koko, le chanteur Madilu était également, comme nombre de grands artistes, profondément spirituel. S'appesantissant dessus, l'artiste a, en effet, déclaré dans « Kupanda », une de ses toutes dernières réalisations, avoir retrouvé l'amour dans la Bible, a fait observer l'officiant de la messe. De son vrai nom Jean Bialu Kaba, Madilu System, signale-t-on, fut un grand chanteur de la rumba.
Né le 26 mai 1952 à Léopoldville, il avait embrassé la carrière musicale en 1970 comme chanteur au sein de l\'orchestre Bamboula aux côtés du célèbre guitariste et compositeur Antoine-Emmanuel Nedule, dit Papa Noël. Un peu plus tard, il montera un groupe avec deux de ses amis (Yossa et Pindu) qu\'ils surnommèrent « Bakuba Mayopi ». A 23 ans, poussé par une inspiration, il créa en 1975 un groupe qui portait le nom de « Pamba-pamba ». Bien équipé et bien rodé, Madilu System rejoint alors les grands chansonniers de la rumba congolaise. Il passe un peu de temps d\'abord avec Rochéreau Tabu-Ley dans « Afriza international », avant d\'aller à l\'école du Tout-Puissant OK-Jazz de Luambo Makiadi Franco. Parmi les chansons qui le propulsent sur le devant de la scène musicale on peut citer Mamou ou Mario.