Non, on ne devrait pas faire une loi

Publié le 27 août 2012 par Copeau @Contrepoints

Pour la plupart des gens, le monde est plein de problèmes qui peuvent être résolus par des lois. Une vision erronée.

Par John Stossel, depuis les Etats-Unis.

Paru initialement sur Reason.com sous le titre There Ought Not to Be a Law.

Nombre de pages du Code Civil (France). Image : Philippulus

Je suis libéral parce qu’entre la gauche et la droite, je vois un faux dilemme : le contrôle par l’État de l’économie, ou le contrôle par l’État de nos vies personnelles.

Les gens de gauche comme de droite se voient comme aimant la liberté. La gauche pense que l’État peut amoindrir les inégalités de revenus. La droite pense que l’État peut rendre les Américains plus vertueux. Ce que j’en dis, c’est que nous nous porterions mieux si aucun des deux ne tentait d’imposer son programme par le biais de l’État.

Nous pouvons débattre de choses comme la consommation de drogue ou la pauvreté, mais que personne ne subisse la coercition de l’État si il ne vole ni n’attaque personne. Au-delà du montant faible nécessaire pour financer des pouvoirs publics très restreints, que personne ne prenne de force l’argent d’autrui. Et dans le doute, abstenons-nous ; ou plutôt, laissons ça au marché et à d’autres institutions volontaires.

Mais ce n’est pas ce que pensent les gens. La plupart des gens voient un monde plein de problèmes qui peuvent être résolus par des lois. Ils supposent que c’est juste la paresse, la stupidité ou l’indifférence des politiciens qui les empêche de résoudre nos problèmes. Mais l’État, c’est la force ; et une force inefficace.

C’est pourquoi il vaut mieux que l’État ne tente pas de régler la plupart des problèmes de nos vies.

Les gens tendent à croire que « avec l’État, tout devient possible ». Quand un problème survient, ils disent « On devrait faire une loi ! ».

Même l’effondrement de l’Union soviétique, causée par les résultats sans appel de la planification centralisée, n’a pas réveillé le monde en lui faisant abandonner l’idée d’un État omnipotent. L’Europe a commencé à parler d’une sorte de « socialisme de marché ». Les politiciens aux États-Unis se sont mis à rêver d’une « troisième voie » entre le capitalisme et le socialisme, et d’un « capitalisme géré », où les politiciens remplaceraient bien souvent la main invisible.

George W. Bush s’est présenté à l’élection présidentielle en promettant un État plus « mince », mais il a décidé de créer des droits-créances pour les médicaments délivrés sur ordonnance, à hauteur de 50 milliards de dollars par an, et de construire une nouvelle bureaucratie ayant pour nom No Child Left Behind. Sous Bush, les Républicains ont doublé les dépenses « discrétionnaires » (leur plus grande hausse depuis Lyndon B Johnson), ont étendu la guerre contre la drogue, et ont embauché 90.000 fonctionnaires rien que dans les agences de réglementation.

L’offre surabondante de Bush en termes de réglementations n’a en rien rassasié la demande médiatique, qui en veut encore plus.

Alors, est arrivé Barack Obama, et des dépenses assez énormes pour ruiner tous nos enfants. Ce qui a alimenté le Tea Party et les élections de 2010.

J’avais placé de l’espoir dans le Tea Party, mais j’ai encore été dupé. En quelques mois, les nouveaux Républicains « fiscalement conservateurs » ont voté pour préserver les subventions à l’agriculture, ont juré de « protéger » Medicare et ont grincé des dents quand celui qui sera choisi comme vice-Président potentiel par Romney, le député Paul Ryan, a proposé son timide plan de réduction du déficit.

Il est malheureux que les États-Unis, fondés en partie sur des principes libéraux, ne peuvent admettre que l’État est devenu trop gros. Les pays de l’Asie de l’Est ont adopté l’économie de marché et ont prospéré. La Suède et l’Allemagne ont libéralisé leurs marchés du travail et ont vu leurs économies se porter mieux.

Mais nous continuons à voter de nouvelles lois.

L’ennemi ici, c’est l’intuition humaine. Au milieu de l’éblouissante abondance du marché, il est facile de prendre comme allant de soi les avantages du marché. Je peux aller dans un pays étranger, insérer un bout de plastique dans un mur, et de l’argent liquide en sortira. Je peux tendre ce même bout de plastique à un étranger qui ne parle même pas ma langue, et il me louera une voiture pour la semaine. De retour chez moi, Visa ou MasterCard m’enverront le compte, correct au centime près. Nous considérons tout ça comme allant de soi.

L’État, lui, ne sait même pas compter précisément les voix.

Et pourtant à chaque problème, les gens se tournent vers l’État. Malgré le long passif de ratages des planifications centralisées, peu d’entre nous aiment penser que l’État qui siège au dessus de nous, qui s’attribue le mérite de tout, peut vraiment être aussi nul.

Henry Louis Mencken, le grand libéral du 20ème siècle, se lamentait : « Au fond, un État n’est rien d’autre qu’un groupe d’hommes, et en pratique la plupart d’entre eux sont des hommes inférieurs… Et pourtant ces nullités, à cause de la paresse intellectuelle des hommes en général, se font obéir par devoir (et) se voient accorder une sorte de sagesse qui serait supérieure à la sagesse commune ».

Il n’y a rien que l’État puisse faire et que nous ne puissions mieux faire en tant qu’individus libres, et comme groupes d’individus libres de travailler ensemble.

Sans un État omnipotent, tout devient possible.

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Traduction : Benjamin Guyot pour Contrepoints

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