De même les listes plaisent aussi beaucoup. Celle de Grégoire Delacourt se vend très bien en ce moment et «La liste de mes envies» fait partie des meilleures ventes, 150 000 exemplaires vendus en quatre mois selon son éditeur JC Lattes.Un autre livre est dans ce cas, «Le sel de la vie» de Françoise Héritier, chez Odile Jacob. En 87 pages, celle que l’on connaît surtout comme disciple de Lévi-Strauss, anthropologue honoraire au Collège de France, énumère tous les petits bonheurs qui égaient sa vie. Naturellement ce sont ceux qui, pour la plupart, sont aussi les nôtres et chacun peut s’y retrouver. Ce livre m’a évidemment fait penser à Georges Pérec et à son exercice de style: «Je me souviens», ainsi qu’à Philippe Delerme et à ses plaisirs minuscules qui ont suivi «La première gorgée de bière».
C’est très simplement énoncé, en plusieurs chapitres comme un journal au jour le jour et plus curieusement sous forme de phrase unique qui se déroule et se prolonge en un fil sans fin. Les points de suspension sont à l’honneur d'un chapitre à l'autre.C’est adressé sous forme de lettre au professeur qui la soigne depuis longtemps à l’hôpital de la Pitié pour une maladie auto-immune très douloureuse, une polycondrite atrophiante évolutive, qui attaque les voies respiratoires, les reins et le cœur.
Je cours le risque de vous ennuyer »grave »…Et encore……fondre devant la retenue dévastatrice de Robert Redford dans "Out of Africa" ou la tout aussi dévastatrice insolence de Glark Gable dans "Autant en emporte le vent", trier des lentilles, ôter un caillou de son soulier……conduire une conversation complice avec un chat siamois ou un épagneul breton, éternuer sept fois de suite, chanter "Stormy wheater" comme Lena Horne…
…reprendre en chœur des airs populaires, avoir des secrets, se faire consciemment des idées, jouir de la douceur du temps…J'ai été surprise tout d’abord et j’ai pris plaisir à lire les premières pages mais je n’ai pas pu continuer très longtemps car ça finit par devenir ennuyeux. Dommage. Je n’avais qu’une envie, c’est de me créer ma propre liste mais naturellement plus brève car encore une fois, une liste trop longue est horriblement barbante pour moi. Je ne supporte pas. N’empêche, l’idée est heureuse au milieu de tous ces récits si noirs et pessimistes qui nous tombent dessus en ce moment, cet hymne à la joie fait du bien mais à petites doses. Le livre se vend très bien et les exemplaires disparaissent comme des petits pains. Le succès est là et moi, je ne suis qu’un bémol sans importance dans la foule des louanges… alors ne vous privez pas, si le cœur vous en dit! C'est un livre à offrir, un livre-cadeau! A lire, l'entretien avec l'auteur dans La Vie:Ici, Le sel de la vie, Lettre à un ami, Françoise Héritier, (Odile Jacob, février 2012, 92 pages)