Emeutes urbaines : le « poker menteur » de Brice Hortefeux

Publié le 26 août 2012 par Kamizole

Nabil Hakim est un tantinet trop gentil de titrer La mémoire sélec-tive de Brice Hortefeux sur les émeutes urbaines (Le Monde 19 août 2012). Brice Hortefeux est un menteur aussi chronique que Nicolas Sarkozy. A moins que quelque liquide délétère dont il aurait fait grand abus n’eût envahi ses neurones. Comme quelques uns des compères de Nicolas Sarkozy - à moins de plaider « maladie d’Elshei-mer » - mieux vaudra qu’il eût recouvré la mémoire lorsqu’il sera interrogé par la police financière et/ou le juge d’instruction sur les fameux « dossiers Takieddine » et quelques affaires du même tonneau. Là aussi, il ne cessa de multiplier contrevérités, démentis et mensonges… mais sans doute ne s’en souvient-il plus.

N’ayons garde d’oublier que lorsqu’il fut ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy il trafiqua éhonteusement à plusieurs reprises les statistiques de la délinquance et de la criminalité. Comme si casser le thermomètre avait jamais fait tomber la fièvre.

Je reviendrais par ailleurs sur les émeutes d’Amiens et l’expulsion des camps de Roms. Sur lesquelles je n’ai pu m’arrêter, non par manque d’intérêt - bien au contraire - mais faute de temps. Je ne saurais traiter des sujets aussi graves en deux coups de cuiller à pot. Ce n’est pas ma façon de travailler - tant pis si elle est chronophage ! - et ces sujets complexes méritent une réflexion approfondie parce qu’il faut peser le pour et le contre, sans se contenter des « yaka » du zinc d’un café du Commerce ou des bons sentiments angélistes.

Je me contenterais d’affirmer une fois de plus qu’il n’est pas normal que certaines banlieues soient devenues des zones de non-droit où les services de police (mais également les pompiers) ne peuvent pénétrer qu’à leurs risques et périls, où les autobus - un des derniers services publics assurant le lien social avec le centre-ville - se font caillasser. Que l’on ne peut tolérer que les armes y prospèrent comme des petits pains et que les voyous tirassent les flics comme des lapins. Qu’il est inadmissible que dans leur révolte les jeunes (et peut-être de moins jeunes) missent le feu aux équipements publics - écoles, bibliothèque, équipements sportifs, etc. Faut-y être con : ils n’ont plus rien !

Ceci dit, le problème est loin d’être nouveau - la droite est au pouvoir depuis 2002 ! - et c’est bien ce qu’omit de dire Brice Hortefeux lorsqu’il osa déclarer sans vergogne le 17 août 2012 sur BFM-TV « J'observe – et c'est curieux que personne ne le note – qu'il n'y a pas eu pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy d'émeutes urbaines » ajoutant « Quand j'étais ministre de l'inté-rieur, je donnais des consignes très strictes : il faut interpeller très vite » en espérant sans nul doute convaincre ceux des téléspectateurs qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez que Manuel Valls n’aurait pas donné consigne d'interpeller dans les meilleurs délais les auteurs des saccages et ceux qui ont tiré sur les policiers, ce qui est manifestement un mensonge plus gros que lui. Mais qu’importe : une fois de plus c’est « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ».

Dans sa petite revue d’effectifs Nabil Hakim eût pu citer l’émeute de la Gare du Nord le 27 mars 2007, peu de temps avant l’élection présidentielle. Certes, Nicolas Sarkozy n’était pas encore président mais quand même ! ministre de l’Intérieur, il avait à ses côtés, Claude Guéant et… Brice Hortefeux !

Pain béni pour le candidat à la présidence de la République : déjà le gouvernement par la peur. Ou « moi ou le chaos » air connu. Personne ne lui envoya assez fortement entre les dents qu’il avait déjà été par deux fois ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac. Toujours est-il que j’ai toujours pensé qu’il ne donna pas exprès - lui ou les responsables - l’ordre de fermer complètement tous les accès à la gare, y compris et surtout du RER et du métro par lesquels affluè-rent en masse tous les casseurs de banlieue rameutés par des SMS. Pratique fort courante parmi ces délinquants. CQFD.

Or donc, il y eut en novembre 2007 les émeutes urbaines de Villiers-le-Bel qui durèrent deux nuits et où déjà des armes à feu furent utilisées contre les policiers. Celles de Firminy - qui en juillet 2009 ont embrasé pendant trois nuits cette ancienne ville minière et industrielle de la Loire - en réaction après la mort d'un homme dans un commissariat de Chambon-Feugerolles.

Qui ne se souvient des émeutes qui eurent lieu plusieurs nuit de suite dans la cité de l’Arlequin à Grenoble en juillet 2010 après la mort d’un malfrat qui venait de braquer le casino d’Uriage-les-Bains et riposta à l’arme lourde contre les policiers ? La situation fut si tendue que Nicolas Sarkozy se déplaça pour limoger le préfet et prononcer sa « diatribe de Grenoble » - principalement contre les étrangers ! - inaugurant un virage encore plus sécuritaire.

Nabi Wakim oublie le saccage par des membres d’une communauté de Roms de la petite ville de Saint-Aignan-sur-Cher (Loir-et-Cher) - après la mort d’un des leurs lors d’une course-poursuite avec les forces de l’ordre - qui eut lieu quasi dans le même temps que les incidents de Grenoble. Nicolas se servant de ce prétexte pour annoncer à Grenoble une chasse impitoyable contre les Roms étrangers (de mémoire, il me semble que ceux de Saint-Aignan étaient français) - prévue de longue date - et la destruction de tous leurs campements.

La réalité des chiffres doit doit aller bien au-delà des incidents de Wappy (Moselle) - tiens ! La ville de François Grosdidier, sénateur-maire (UMP) qui défraye aujourd’hui la chronique judiciaire ! - en 2010 et ceux de Grigny (Essonne) en 2011 cités par l’article.

Brice Hortefeux est bien obligé de mentir sinon le président de l’association des Amis de Nicolas Sarkozy serait obligé d’admettre l’échec sur toute la ligne de la politique ultra-sécuritaire de son mentor. Menée dès juin 2005 lorsque Nicolas Sarkozy reprit le ministère de l’Intérieur : il est donc comptable à ce titre des émeutes urbaines qui embrasèrent plusieurs nuits durant un grand nombre de banlieues entre la fin octobre 2005 et novembre, après la mort de deux jeunes (qui étaient poursuivis par des policiers) dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).