Tahiti Boy à la composition et aux arrangements claviers pendant qu’Oizo « supervise » (ce sont les mots du premier). L’album démarre lentement, très lentement, avec le titre éponyme Wrong, ou la lugubre intro « à la Grand Bleu ». Quelques instants pour se familiariser avec l’atmosphère puisqu’elle sera ainsi – quasiment – tout au long de la playlist. Track 2, Ronnie : nous sommes maintenant bien partis avec la touche Oizo, ses sons liquides et beats balayés. Un piaf qui se lâche tantôt en nous tabassant bien à coups étouffés (Mind Link 2), tantôt « à l’ancienne » en mode joyeuse idiotie musicale, et c’est loin d’être péjoratif (Turd Vision). Des tracks au pelage mystérieux : Pizza Note est une berceuse douce au possible, une caresse évoquant une boîte à musique surmontée d’une ballerine. Un morceau à écouter pendant que vous observez les grandes raies et murènes à-travers le hublot d’un sous-marin. Mind Link 1 ou morceau X-Files qui refuserait de démarrer, on s’inquiète. Un vinyle usé diffuserait la compo d’un piano fou nommée Ringtone, tout droit sorti d’un bal mondain des 50′s, le petit doigt levé. Le Detective se fait musique d’ascenseur : « Veuillez patienter s’il vous plaît, votre correspondant va vous répondre d’une minute à l’autre ».
Palmtree nous rappelle les sonorités Rubber quand Phase 7 (et non pas France 7) figure une course contre la montre minimaliste. Les rayons de Soleil pointent enfin le bout de leur nez avec deux superbes tracks d’une joyeuse énergie, composées par Tahiti Boy qui retrouve sa Palmtree Family : Solution et Resolution (c’est fin). La première est un concentré d’optimisme, la seconde de la joie en barre sur pratiquement quatre minutes. Les premiers accords rappellent le morceau le plus connu de Sixpence None the Richer, puis guitare, basse, flûte et trompette se mêlent dans un mariage polygamme funky digne d’un générique de sitcom. Une petite merveille lumineuse dans ce LP décidément bien brumeux. Enfin, Master Chang est l’OVNI qui conclut étrangement l’album ; on reste sur une image assez terne du tout, mais pourquoi pas, le voyage fut des plus grisant.
Nous avons-là un disque paradoxal : des morceaux globalement de courte durée (2/3 minutes) aux atmosphères soutenues sans gros délire… pour un album d’une demi-heure qui finalement prend son temps et fait son bonhomme de chemin jusqu’à nos marteaux, enclumes et étriers, où il y est d’ailleurs très bien reçu. Tour à tour suprenantes, aux émotions multiples qui progressent, plus qu’agréables, Tahiti Boy démontre qu’en 13 tracks la folie Oizo a été canalisée. Calme, reposant, planant. Concernant les news, le parisien avait parlé d’une sortie de son LP pour la fin de l’été 2012, pendant que Dupieux évoque un Stade 4… affaires à surveiller. Une B.O. supplémentaire de grande qualité chez Ed Banger, qui s’écoute et s’apprécie visiblement même sans l’image. Que le long-métrage qui l’accompagne soit du même accabit, et WRONG aura (antinomiquement) tout d’une réussite.
Le LP est disponible sur iTunes et écoutable en streaming sur http://www.wrongost.tk