Titre original : Groundhog Day
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Harold Ramis
Distribution : Bill Murray, Andy MacDowell, Stephen Tobolowsky, Brian Doyle-Murray, Chris Elliot, Marita Geraghty, Rick Ducommun, Harold Ramis, Angela Paton, Rock Overton, Michael Shannon, Peggy Roeder…
Genre : Comédie/Fantastique/Romance
Date de sortie : 28 juillet 1993
Le Pitch :
Phil Connors, présentateur météo à la télévision, se rend avec son équipe, dans une petite bourgade enneigée, pour couvrir l’évènement de l’hiver : le Jour de la Marmotte. Le soir venu, une fois son émission dans la boite, il se hâte de revenir chez lui mais se retrouve bloqué à la sortie de la ville par un puissant blizzard. Forcé de retourner à son hôtel, Phil s’endort en espérant pouvoir, dès le lendemain, quitter cet endroit qu’il déteste tant. Pourtant, lorsqu’il se réveille, à 6h, Phil constate que tout se produit exactement comme la veille. Il réalise vite qu’il semble condamné à revivre éternellement la même journée…
La Critique :
Rares sont les films qui jouissent d’un telle popularité. Régulièrement, Un Jour sans fin est cité dans les listes des meilleures comédies de tous les temps, voire celles des meilleurs films tout court. À vrai dire, il ne serait pas exagéré que d’affirmer qu’Un Jour sans fin fait presque l’unanimité. Et non, une telle réputation n’est pas galvaudée. Au fil des années et au rythme de visions répétées, le long-métrage d’Harold Ramis prend de la valeur. Comme un bon vin ou ce que vous voudrez. Les faits sont là : Un Jour sans fin est un monument du cinéma inoxydable. Une œuvre qui passe, depuis sa sortie en 1993, de génération en génération, et qui gagne chaque année de nouveaux admirateurs.
Petit miracle bâti sur un paradoxe temporel malin, Un Jour sans fin voit un mec cynique et blasé, revivre la même journée, encore et encore. Phil, le héros, se réveille ainsi tous les matins au son du I got you babe de Sonny and Cher et doit revivre le fameux Jour de la Marmotte, une cérémonie qui consiste à demander à une marmotte si l’hiver va se prolonger ou non.
Adopté par les bouddhistes en raison de ses thématiques proches de leurs enseignements, Un Jour sans fin parle avant tout de rédemption, d’altruisme et de renaissance. Le protagoniste, un homme carburant aux sarcasmes, est bloqué dans un endroit qu’il ne peut pas supporter, en compagnie de personnes auxquelles il n’a, jusqu’à présent, accordé aucune attention. Quand il prend conscience de l’ampleur de la situation, Phil (c’est donc son nom) entreprend un voyage spirituel qui passera par plusieurs étapes. Au début, il ne comprend pas ce qui lui arrive, puis entrevoit rapidement les possibilités qu’une telle situation implique, en profite, tente de se racheter, sombre dans le désespoir, mais voit qu’il ne semble exister aucune porte de sortie, et entreprend de se racheter à nouveau sérieusement une conduite. Le dénouement reste prévisible si on garde à l’esprit qu’Un Jour sans fin demeure une comédie américaine familiale, mais ce n’est pas le principal. Les différentes phases sont prétexte à un déferlement de gags tous plus réussis et pertinents les uns que les autres. La phase où Phil tente de se suicider par tous les moyens possibles et inimaginables étant l’un des passages les plus irrésistibles.
La filiation avec Capra (La Vie est Belle notamment) est vite évidente et confère au métrage une identité attachante. Œuvre immersive dans sa capacité à déclencher une empathie certaine envers son personnage, imparfait ô possible, Un Jour sans fin transcende les clichés et livre un spectacle qui exploite avec une virtuosité rare son postulat de départ.
Le scénario, malin et redoutable, enchaine les péripéties avec un entrain tout aussi rare. Et si Phil ne cesse d’avoir une impression de déjà-vu, ce n’est en aucun cas l’impression du spectateur, qui suit cette succession de journées similaires comme autant de scènettes remarquablement accolées les unes aux autres. Le montage est aussi à saluer, tant il enchaine intelligemment les scènes ,sans provoquer l’ennui. Parcouru de gags récurrents (le réveil, l’ami d’enfance, le pied dans la rigole, la marmotte…), Un Jour sans fin est un vrai grand moment de cinéma. Rarement les paradoxes temporels n’auront été si bien exploités. Harold Ramis, qui réalise ici son chef-d’œuvre, apporte une tonalité douce-amère du plus bel effet à cette étrange histoire située au carrefour de la comédie, de la romance et du film fantastique.
Et puis il y a Bill Murray, le véritable As d’Un Jour sans fin. Sans lui, il y a fort à parier que le long-métrage n’aurait pas eu la même saveur. Murray trouve l’un de ses meilleurs rôles. N’ayant pas son pareil pour incarner des mecs blasés et cyniques, le comédien, (qui est de tous les plans), personnifie à lui seul l’essence d’une œuvre qui arrive sans avoir à faire appel à un chargement de guimauve, à faire passer une belle morale. Que ce soit lorsque son personnage pète un câble à répétition, ou lorsqu’il décide de redorer le blason d’un karma mal en point, Bill Murray est l’homme de la situation. Charmeur, insupportable, drôle, méchant, cruel, profiteur, suicidaire ou démissionnaire, peu importe l’humeur qui anime Phil, Bill Murray assure comme le génie qu’il est.
Un talent qui semble forcer l’intégralité du casting à se mettre au niveau. Ainsi, Andie MacDowell incarne avec justesse l’idéal féminin du héros et fait regretter son absence ces dernières années des plateaux de cinéma (et là, on fait exception des pubs L’Oréal). À noter également la présence au générique de Brian Doyle-Murray, le frère de Bill et d’un Michael Shannon débutant (c’est son premier film).
Film culte porté par un scénario aux petits oignons, des acteurs concernés et un réalisateur qui depuis, n’a jamais fait mieux, Un Jour sans fin est ce qu’il convient d’appeler un chef-d’œuvre. Un film qui utilise des ressorts modernes, pour raconter une belle histoire universelle. Un conte attachant, drôle, émouvant et grinçant, qui figure au panthéon d’un cinéma précieux et généreux.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Columbia Pictures