François Hollande aime les grands patrons, pas les entrepreneurs

Publié le 26 août 2012 par Copeau @Contrepoints

François Hollande fait dans la communication en direction des grands patrons du Medef et de Laurence Parisot. Dommage, c’était les entrepreneurs et petits patrons qui s’adressaient à lui.

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Laurence Parisot, présidente du Medef, défend une forme de TVA sociale

Nous évoquions il y a quelques jours ces entrepreneurs, ces créateurs d’entreprise et d’emplois qui partent, sont partis ou sont sur le point de partir. Leurs cris, leurs signaux d’alarme n’ont pas ému le gouvernement, même lorsqu’ils viennent de partisans de leur camp, comme dans le cas de Patrick Robin. Par contre, qu’un chef de « grosse entreprise » comme Paul Polman, patron mondial d’Unilever, éternue dans le Figaro et c’est le branle bas de combat.  François Hollande reçoit l’AFEP, l’association des plus grosses entreprises françaises, présidée par Pierre Pringuet, Directeur Général de Pernod Ricard (salarié de luxe). Soyons assurés que la conversation fut courtoise et que les choses, si elles se dirent, le furent avec des mots fort diplomates.

Toujours dans le même sens, pour envoyer un autre signal favorable au patronat, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sera présent à l’ouverture de l’université d’été du Medef. Laurence Parisot n’en peut plus de joie, «Jamais un responsable politique de gauche n’a prononcé de discours d’ouverture et ce sera un moment important, devant plus de 3000 patrons», se félicite-t-elle. Et elle ajoute qu’il s’agit là d’ «un témoignage de reconnaissance de ce que nous sommes». Rappelons qu’il y a très peu de « patrons » au Medef qui est surtout composé de salariés de luxe qui se cooptent les uns les autres dans leurs conseils d’administrations respectifs.

Ces instances ne sont pas plus représentatives des patrons, des créateurs d’entreprises, des innovateurs que la CGT ou FO ne le sont des salariés des entreprises privées. Comme dans le cas des syndicats de salariés, ce sont pourtant eux que le gouvernement a choisi comme interlocuteurs. Nous sommes dans le formalisme, dans la posture, dans la parade. Le problème, c’est que si une telle attitude est possible sur le plan politique, elle n’est d’aucun effet sur le plan économique. Parce que l’économie, c’est du vrai, du tangible. Ce qui n’est pas rentable ne le devient pas par l’opération d’un accord politique. Au pire, cet accord devient contre-productif. Nous avons tous en tête l’accord sur les 35h. Ces beaux Messieurs et Martine Aubry se sont mis d’accord sur un dispositif qui politiquement convenait au PS et économiquement ne gênait que moyennement les grandes entreprises aux postes nombreux et facilement interchangeables. Cet accord a tué de nombreuses petites entreprises qui se sont vues contraintes soit de baisser leur activité soit d’augmenter considérablement leurs coûts et leurs charges. Quand on a dix personnes en poste sur une chaîne, ce n’est pas très contraignant d’en recruter une onzième. Quand on a un ouvrier, une comptable, une vendeuse, ce n’est pas la même histoire de recruter un dixième d’ouvrier, de comptable ou de vendeuse…

Que l’association des clubs de « grands dirigeants » et le gouvernement sont-ils en train de nous préparer ? Les uns et les autres vont tenter de faire dans la communication. « Nous avons entendu les besoins légitimes des chefs d’entreprises… » d’un côté, « nous avons obtenu la reconnaissance légitime du rôle social du chef d’entreprise… » de l’autre. Et pendant ce temps-là, les « vrais » continueront à partir….

  • Excellent sujet vidéo de FR2 (attention, la dernière phrase « compte recevoir régulièrement les grands patrons à l’image d’Angela Merkel…. » est directement issue du communiqué de presse de l’Elysée  ):

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