L’histoire commence banalement, Lew Archer est engagé pour enquêter sur une lettre anonyme accusant sa cliente Maude Slocum d’adultère, ce qui doit rester inconnu de son mari. Bien évidemment l’affaire va se compliquer rapidement.
Une fois de plus Ross Macdonald balade son détective et le lecteur par la même occasion, dans sa chère Californie, celle des années cinquante. Studios de cinéma, champs pétrolifères, villas huppées des bords de la côte, voilà pour le décor. Quant aux personnages, dansla famille Slocum, j’ai Maud la mère, James le père et acteur de théâtre qui marche à la voile et à la vapeur, Cathy la fille de seize ans et la mère de James, Olivia qui détient le magot. Il y a aussi, Pat Reavis, un jeune marlou servant de chauffeur àla famille. Etpuis Kilbourne, un richard qui magouille dans le pétrole et sa femme Mavis avec laquelle ils forment un couple hétéroclite.
On croisera aussi Knudson, le shérif pas vraiment impartial, quand les cadavres vont commencer à s’amonceler. Car oui, j’allais oublier, il y aura des morts en tous genres, noyade pas accidentelle, crime par arme à feu, immolation forcée, et Lew Archer devra payer de sa personne pour trouver le lien entre toutes ces horreurs.
Ross Macdonald nous mène à sa guise dans cette enquête et le lecteur adore ça. D’abord parce qu’il retrouve l’ambiance des polars de sa jeunesse – mais ce n’est pas qu’une impression, puisque le bouquin a été écrit en 1950, ensuite parce que Lew Archer est un privé comme on les aime, tellement honnête et droit qu’on se demande si ce modèle a jamais existé, et tenace comme pas deux, limite borné dans sa recherche de la vérité.
Ce second roman confirme tout le bien que j’avais pensé de l’écrivain dans le premier opus, du polar d’accord, mais de qualité, tant dans le scénario que dans l’écriture. Qui plus est, ces bouquins sont publiés par Gallmeister dans sa collection Totem, des livres dans un petit format très élégant qui ajoute au plaisir de la lecture.
Alors n’hésitez pas, ce Macdonald est garanti sans gras ni aditifs, donc à consommer sans modération aucune.
« - C’était important cet appel ? Je ne répondis pas. Une ombre laide se formait au-dessus de ma tête, presque palpable, dans cette salle austère et lugubre. Elle me pesait, me tirait vers l’arrière, ralentissait mes pas alors que je me dirigeais vers ma voiture. La colère et la peur reprirent le dessus lorsque je posai mes mains sur le volant. En quittant la ville, je brûlai deux feux rouges. »