J'aime un corps de jeunesse en son printemps fleury
D'autant que l'arrogance est pire que l'humblesse,
Que les pompes et fards sont tousjours desplaisans,
Que les riches habits d'artifice pesans
Ne sont jamais si beaux que la pure simplesse;
D'autant que l'innocente et peu caute jeunesse
D'une vierge vaut mieux en la fleur de ses ans,
Qu'une Dame espousée abondante en enfans;
D'autant j'aime ma vierge humble et jeune maistresse.
J'aime un bouton vermeil entre-esclos au matin,
Non la Rose du soir, qui au Soleil se lâche;
J'aime un corps de jeunesse en son printemps fleury:
J'aime une jeune bouche, un baiser enfantin
Encore non souillé d'une rude moustache,
Et qui n'a point senty le poil blanc d'un mary.
Pierre de Ronsard (1524-1585) ~ Amours Diverses
Agnolo Bronzino (Florence,1503-1572)~~ Hélène de SurgèresRonsard a cinquante quatre ans quand il rencontre Hélène de Surgères, une des filles de la Cour. C'est la reine Catherine de Médicis qui invite le poète à la consoler pour la perte de Jacques de La Rivière, mort dans la guerre civile du moment.