Patrimoine et buzz

Si vous étiez en vacances cette semaine, vous êtes peut-être passés à côté du buzz phénoménal autour du Christ de Borja, peinture murale qu'abrite une église espagnole de la province de Saragosse.
Pour vous mettre à la page en quelques clics :
➜ En Espagne, la restauration d'une peinture du Christ fait hurler, Le Huffington Post, 22/08/2012➜ La pire restauration de l'histoire: l'artiste qui a massacré le Christ de Borja serait une voisine de 80 ans , Le Huffington Post, 22/08/2012➜ Le tableau du Christ défiguré attire des centaines de visiteurs à Borja, La Charente Libre, 25/02/2012
Que retenir de cette aventure ? Malheureuse pour les uns, qui déplorent le "saccage" d'une œuvre d'art. Heureuse pour les autres, qui voient la fréquentation de leur commune augmenter.
Personnellement, j'y vois un acte d'appropriation du patrimoine très fort et une bonne intention indéniable de la part de cette femme qui a agi sans mesurer les conséquences de son acte, guidée par son amour pour cette représentation du christ. Elle a complètement réinterprété cette dernière et le résultat n'a donc plus rien à voir avec l'original. Mais la communauté internationale aurait-elle entendu parler de cette fameuse peinture sans l'intervention de cette amatrice d'art religieux ? Le phénomène qu'a suscité cette restauration "foireuse" sur la toile, le fait que ce soit devenu un "meme"... Finalement, elle aura fait connaître l’œuvre au plus grand nombre. Faut-il en arriver là pour que notre mission de médiation du patrimoine soit pleinement remplie ?
Peut-être devrait-on une fois de plus retirer une morale dans tout cela et orienter davantage les projecteurs vers ceux qui ont laissé leur patrimoine sans entretien et sans surveillance (oui parce que le fait que personne n'ait stoppé cette pauvre femme dans son élan, je trouve ça louche)... Cela vous rappelle quelque chose ?