Je vous promets que je ne suis pas en train de transformer cet espace en vidéo-blog paresseux. Je n'ai pas eu vraiment le temps d'écrire ces deux dernières semaines et si j'espère pouvoir poster quelque chose de plus substantiel cette semaine encore, permettez-moi de vous suggérer de jouer cette vidéo et de bien écouter.
Pour une raison étrange, je me suis rappelé aujourd'hui de " Eli, Eli/ lema sabachthani", fabuleux film de Aoyama Shinji où la noise, celle si bien définie au Palais de Tokyo par un certain Olivier Lamm l'an passé si j'en crois le texte de sa présentation, oui, la noise, sauve de l'extinction une humanité atteinte d'un virus mortel se propageant par voie télévisuelle. Évidemment, mes souvenirs ont tout de suite été déviés vers le film qui a fait connaître Aoyama, cette perle, ce magnifique, ce magistral "Eureka", plus de trois heures d'émerveillement, un moment qui m'a, disons, coupé l'envie d'encore aller au cinéma, sachant être irrémédiablement déçu. Je me souviens y être allé avec un ami par hasard un soir de septembre 2001, d'être resté là en ayant l'impression que le temps s'étendait infiniment, ou bien l'impression précisément contraire et quand ça c'est vraiment terminé, il m'a fallu quinze minutes pour retrouver la parole. Ce chef-d'œuvre partage son titre avec le grand morceau, l'insurpassable somment pop de Jim O'Rourke, et c'est bien sûr cette inoubliable chanson qui clôt cet inoubliable moment de ciné. Et je me souviens donc de la fois où j'ai entendu cette musique jouée par Otomo Yoshihide dans l'antre provisoire d'un Beurschouwburg en travaux. Il était accompagné de son tout nouveau New Jazz Quintet et dès les premiers accords, la chaire de poule, la paralysie, l'impossibilité de bouger. Sans doute le moment le plus puissant connu dans une salle de concert. Avec les années, cet "Eureka" est devenu un standard du répertoire d'Otomo, que ce soit en compagnie du New Jazz Quintet, Ensemble ou Orchestra. J'en ai trois versions, 46 minutes, que je n'arrête d'écouter en boucle, ne sachant décider quelle est la meilleure. Il y a quinze minutes je penchais pour celle de l'Ensemble et voilà que passe celle que le Quintet enregistra live en 2002 à Tokyo et mon petit cœur palpite et c'est tellement fort que voulez-vous... Un jour de déprime, un jour de tristesse, ces chose-là peuvent sauver la vie.
J'ai trouvé sur youtube une version Orchestra, dix minutes trop courte mais bénéficiant de la présence de Kahimi Karie, et bon, j'espère que ça vous donnera l'envie d'aller écouter les autres variations.