Genre : Thriller
Année : 1991
Durée : 2H02
L’histoire : Le psychopathe Max Cady vient de passer 14 ans en prison. Durant toutes ces années, il a nourri un projet de vengeance envers son avocat Sam Bowden. Il se met alors à harceler ce dernier et sa famille. Bowden terrorisé réalise qu’il ne pourra pas compter sur la loi pour se débarrasser de Cady. Tout se terminera dans une confrontation finale à Cape Fear.
La critique de Vince12 :
Les Nerfs à Vifs, réalisé par Martin Scorsese en 1991, est le remake du film éponyme de J.Lee.Thompson réalisé trente ans auparavant.
En réalité, Scorsese devait ce remake à Universal qui avait produit son film La Dernière Tentation du Christ. Clairement, ce film a donc avant tout un but commercial en reprenant la trame d’un film culte du genre Thriller.
Scorsese s’entoure d’un casting composé de Nick Nolte, Robert De Niro, Jessica Lange, Juliette Lewis et Joe Don Baker entre autres.
Jouons cartes sur table, Les Nerfs à Vifs est loin de figurer parmi les plus grands chefs d’œuvres du cinéaste, pour autant c’est loin d’être un mauvais film, c’est même un film que l’on a parfois trop tendance à réduire à un banal remake.
Cependant, pour pleinement apprécier cette version, il convient d’avoir vu la version originale de 1961.
Attention SPOILERS !
Cady l’interpelle et lui fait part de sa frustration. Bowden quant à lui prétend qu’il a fait de son mieux pour le défendre. Mais en réalité ce n’est pas le cas, en effet, Bowden, lors de l’affaire, avait dissimulé des preuves qui auraient pu plaider en la faveur de Cady et réduire considérablement sa peine.
Cady commence alors à harceler Bowden et sa famille, allant même jusqu’à tuer leur chien. Bowden tente de faire appel à la police, mais Cady est beaucoup trop rusé et a bien préparé son coup, puisque durant ces quatorze années de prison il a appris le droit.
La loi ne peut pour le moment rien intenter contre le criminel.
Un jour le psychopathe s’en prend à la maîtresse de Bowden en l’agressant sauvagement. Bowden est donc désespéré, sa femme sait désormais qu’il a une aventure, alors que sa fille en pleine adolescence est visiblement perturbée.
Alors que Cady va de plus en plus loin, allant jusqu'à séduire la fille de Bowden, ce dernier engage un détective et à partir de ce moment là il est près à utiliser les méthodes les plus douteuses. Il tente d’organiser une agression envers Cady mais celle-ci se solde par un échec et le criminel parvient désormais à faire porter le chapeau à Bowden.
L’avocat prend alors la fuite avec sa famille et va se réfugier à Cape Fear, c’est ici qu’aura lieu l’affrontement final.
Le scénario reprend donc les grandes lignes du film original et une fois encore, il convient d’avoir vu la version de 1961 pour vraiment apprécier ce remake.
Car en effet, ici, Scorsese marque quelques différences qui semblent avoir pour but de démystifier le film original.
Petit rappel, la version de 1961 décrivait Sam Bowden, un avocat et homme d’honneur qui avait une épouse charmante et une petite fille adorable. Bref, une famille modèle.
Leur lien avec Max Cady venait du fait que Bowden s’était interposé pour empêcher le criminel de violer une femme puis qu’il avait par la suite témoigné contre lui.
On trouvait donc ici l’opposition parfaite entre la petite famille représentative de toutes les vertus et le psychopathe monstrueux, l’opposition entre le bien et le mal.
Vous l’aurez compris, le portrait de la famille que nous dresse Scorsese est beaucoup moins beau et c’est justement ce qui rend Les Nerfs à Vifs intéressant.
Ici, Scorsese brise littéralement les mythes de la société américaine tels que la famille, la justice mais également le bien et le mal.
En réalité, le personnage de Max Cady trouve ici une vraie raison de vouloir se venger de son avocat qui l’a volontairement mal défendu. Certes, certains pourront penser qu’il a bien fait mais Bowden a renié son serment envers la justice.
Mais plus intéressant le personnage de Max Cady, n’apparaît plus vraiment comme un psychopathe, mais comme une sorte d’ange exterminateur ou de justicier apocalyptique venant châtier cette « famille de pêcheurs » pour leurs fautes.
Cette idée est renforcée par la force presque « surhumaine » que Scorsese confère à son personnage, mais surtout à travers les références bibliques que ne cesse de citer Cady, toutes se rapportant à cette idée de châtiment pour des péchés. On citera également le final où Cady se noie en hurlant des prophéties dans un langage particulier, ou encore le procès qu’il prétend faire au nom de Dieu.
On retrouve donc l’un des éléments récurrents des films de Scorsese, la bible.
En fait on a l’impression que tous ces évènements permettent à la famille de se reconstruire, Cady aurait donc rempli sa mission ?
Au final l’ironie est poussée à tel point que Cady pourrait apparaître comme le « héros » du film et la famille comme les « méchants ». Scorsese souligne même cette ironie en faisant intervenir les deux acteurs principaux du film original en leur donnant des rôles inattendus.
Ainsi, Robert Mitchum (ex-Max Cady) interprète l’ami de Sam Bowden et Gregory Peck (Ex-Sam Bowden) interprète l’avocat de Max Cady.
Ce remake est donc beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Au niveau de la mise en scène, Scorsese a clairement fait mieux mais le réalisateur parvient à créer une véritable tension, une ambiance malsaine (notamment la scène entre De Niro et Lewis dans le théâtre) et à conférer au film une véritable violence.
Au niveau du casting, De Niro semble beaucoup s’amuser à jouer les méchants et confère à Max Cady une vraie folie. Quant à Nick Nolte il renouvèle très bien le personnage de Sam Bowden.
La jeune Juliette Lewis livre aussi une très bonne interprétation.
Bref à défaut d’être un chef d’œuvre, Les Nerfs à Vifs reste un Thriller sous estimé bien plus profond qu’il n’y paraît et dans lequel Scorsese s’amuse à détourner les codes de l’œuvre originale et à briser les mythes de la société américaine.
Un bon film.
Note : 15/20