Magazine Culture
Editeur : Liana Levi - Date de parution : Août 2012 - 60 pages puissantes !
En pleine nuit, Piero s’arrête à un restoroute en direction de Turin. Pas pour manger sur le pouce ou boire un café mais pour braquer la caisse. A son habitude. Car Piero est voleur. Lui qui croyait être seul avec la caissière découvre un adolescent à la beauté troublante dans les toilettes. Piero modifie ses plans et raccompagne le garçon jusqu’au bas de chez lui. Dès le lendemain, Piero décide le revoir.
Piero ne se considère pas comme un petit voleur. Presque quarantenaire, habillé de costumes de marque, parfumé et toujours impeccable, la chemise ouverte sur la croix de Jésus. Car nous sommes en Italie et Piero croit en Jésus-Christ et à la Vierge mais pas en Dieu. Entre deux escapades, il rentre chez lui à contrecœur. Il se targue auprès de Maria, sa femme, que la justice n’a jamais rien de sérieux contre lui pour le garder trop longtemps en prison. Une épouse résignée qui fait du point de croix quand elle ne travaille pas à l’usine et qui s’est flétrie, enlaidie, lassée des belles paroles de Piero. Un couple qui n’en est plus un. De toute façon Piero ne reste jamais longtemps, il repart à la recherche d’un vol quelconque. Car voler lui procure une montée d’adrénaline. Dans ces moments là, il se sent comme un lynx. Et voler lui permet d’oublier des blessures de son enfance. Alors qu’il s’apprête à braquer la caisse d’un restoroute, le genre d’endroits qu’il aime parce qu’il se sent loin de chez lui, Piero se rend compte qu’il n’est pas seul avec la caissière. Andrea un jeune homme de dix-huit ans fume une cigarette et bouquine aux toilettes. Piero est frappé par sa beauté et par son visage aux multiples piercings et cicatrices : Le naturel hallucinant – des gestes, de voix, du corps sec et nerveux qui transparaissait sous le jean (..). Ce fut tout ça qui atteignit Piero, dans une zone molle et sans défense de son ventre.
Cette rencontre hasardeuse va modifier la vie de Piero. Durant deux mois, il passera du temps avec Andrea, lui offrira des vacances et essayera de percer le passé que cache ce garçon qui aurait pu être son fils. L’adolescent ne parle pas beaucoup et surtout pas de sa famille. Point sensible. Andrea, au tempérament calme et sûr de lui, avait tout de suite deviné que Piero était un voleur. Sans rien demander, Andrea mène la danse. Il dicte ses règles implicitement, pose les questions alors que Piero n’a qu’un seul but, lui faire plaisir En quelques semaines, Piero changera : Il était comme une lionne pour son petit. Mais il savait aussi que s’il continuait comme ça, il courait à sa perte et celui qui jouait les gros durs connaîtra la douleur. Cruellement.
Après d’Acier, Silvia Avallone confirme tout son talent dont celui de camper les personnages avec beaucoup de finesse. Un court roman, puissant et poignant à l’écriture qui colle au plus près des personnages. J’ai refermé ce livre avec la sensation d’avoir reçu un uppercut dans le ventre !
Un grand merci à Dialogues Croisés pourvoyeur officiel de bonheur !