Julian: «Ma fille pensait que j’étais un vieux fou, un cas désespéré obsédé par un passé qui n’intéressait plus personne et dont il n’oubliait ni un jour, ni un détail, ni un visage, ni un nom, même si c’était un nom allemand long et compliqué, alors qu’il devait souvent faire un gros effort pour se rappeler le titre d’un film.»
Sandra: «J’étais enceinte de cinq mois et, plus ça allait, moins je voyais clair dans la question de savoir si je pouvais avoir ou non l’envie de former une famille ; d’un autre côté, c’était un fait que j’avais laissé mon travail, avec une complète insouciance, justement maintenant que le travail était difficile à trouver, et que ça allait être dur de m’occuper toute seule de l’enfant.
C’était fin septembre: on pouvait encore se baigner et prendre le soleil. Vers le milieu du mois, les maisons alentour avaient fermé leurs portes jusqu’au prochain été. Quelques-unes seulement , comme la nôtre, restaient habitées toute l’année et la nuit, malgré les lumières, d’ailleurs peu nombreuses et éparpillées, elles donnaient une terrible impression de solitude.»
Rentrée littéraire 2012, Ce que cache ton nom de Clara Sanchez, Prix Nadal 2010, (Marabout, à paraître le 26 septembre 2012, 443 pages),Lo che esconde tu nombre, Traduit de l’espagnol par Louise Adenis, 2010