Grâce
aux débats suscités par le Jumpstart Our Business Startups
Act aux Etats-Unis et le succès des plateformes
comme Kickstarter ou My Major Company, le crowdfunding ou financement populaire connait aujourd’hui un certain engouement et semble promis à un bel avenir.
Mais
imaginez que vous contribuez au financement d’un projet qui vous plait à
travers un site de Crowdfunding et que ce projet ne se réalise pas à temps ou pas du
tout malgré l'atteinte de son objectif de levée de fonds. Il n'y a pas de quoi
vous ravir et vous motiver à encourager et à soutenir d'autres projets aussi
innovants qu’ils soient. Pourtant l'incapacité de réaliser les projets soutenus
dans des délais raisonnables touchent la majorité des projets financés par le
crowdfunding.
Dans un
article académique, Ethan Mollick, professeur spécialisé dans l’innovation et
l’entrepreneuriat à Wharton School, se concentre sur l’étude du phénomène du
crowdfunding. L’auteur analyse les campagnes de crowdfunding où les
internautes font des dons à des projets en échange de contreparties en nature
et arrivent à des conclusions frappantes.
Par exemle, depuis la fondation de Kickstarter en 2009,
c’est près de 274 millions qui ont été versés à environ 28 000 promoteurs de
projets qui ont rencontré leur objectif de financement. Malgré tout, 75 %
d’entre eux n’auraient pas livré la marchandise avant l’échéance qu’ils
s’étaient eux-mêmes fixée. Leprojetle plus financé de l’histoire de Kickstarter, qui a amassé
plus de 10 millions de dollars en avril dernier, s’inscrit aussi dans ce record
très peu flateur. Ce dernier visait à obtenir un financement de 100 000 $ pour
produire des montres pouvant interagir avec un iPhone ou un téléphone Android.
Son initiateur, le Vancouverois Eric Migicovsky, a dû avertir à ses
contributeurs pour leur annoncer que les montres seraient livrées en retard.
Contrairement
à ce que pensent certains détracteurs du Crowdfunding, le problème de projets
non réalisés n’a rien à voir avec le concept de Crowdfunding lui-même, mais est
lié à la qualité des projets soumis et le profil entrepreneurial des
promoteurs. Ce n’est pas parce qu’un promoteur a réussi à trouver une idée
géniale et réussit à fabriquer un prototype d’un gadget révolutionnaire qu’il a
nécessairement les qualités entrepreneuriales, les compétences pour assurer le
développement à grande échelle et la mise en marché du produit.
Ethan
Mollick dégagent quelques critères de réussite à travers l’analyse de
47 000 projets ayant obtenus 198 millions de dollar en financement sur la
plateforme Kickstarter. Les résultats clefs de son analyse sont les
suivants :
- Les réseaux personnels des porteurs
de projet et la qualité du projet influencent les chances de succès de la
campagne de crowdfunding.
- La géographie joue un rôle dans le succès des campagnes,
les projets lancés dans des villes avec un grand nombre de créatifs seraient
plus souvent des réussites.
- 75% des projets livrent les produits
plus tard qu’initialement prévu, la durée du retard dépendrait des montants
levés.
Le
rapport complet est téléchargeable ici
Il existe des solutions pour limiter les échecs dans le cas des projets
qui ont complété leur campagne de financement.
Des solutions
en aval et en amont
Pour augmenter leurs chances de réussite, et avant d’être proposés sur les
sites de crowdfunding, les projets devraient être évalués en termes de
crédibilité, de faisabilité et de viabilité, de la qualité et des compétences
des promoteurs, de leur historique financier des ressources techniques
spécialisées auxquelles ils ont accès, le cas échéant.
Ensuite, les entrepreneurs devraient être accompagnés après que le
financement soit complété dans le développement et la mise en œuvre de leur
projet. Dans le cas du Québec, les promoteurs de projet de crowfunding
pourraient aller chercher ces expertises indispensables en nouant des
partenariats avec des organismes de soutien à l’entrepreneuriat. Une panopliede ressources est disponible ici.
D’ailleurs quelques sites de crowdfunding européens notamment belges et Français
(My First company, Z’entrependre, My Microinvest) ont compris l’importance du
volet accompagnement.
Ex: My First company présente son
fonctionnement ainsi :
Pour les entrepreneurs, la démarche est
la suivante : il y a tout d’abord un échange avec les fondateurs de la société
pour évaluer si le projet est finançable dans l’état actuel des choses.
Ensuite, lorsque les différents éléments administratifs ont été réglés, débute
la phase de levée de fonds qui dure en règle générale 3 mois. Enfin, MFC
propose 9 mois de suivi et d’accompagnement. Concernant le type d’entreprises
pouvant être financées sur le site de MFC, il n’y a pas d’exclusivité
sectorielle. Xavier Scheuer souligne cependant : « La plateforme n’est pas
ouverte automatiquement à tous. En effet, nous analysons les projets selon
certains critères avant de les proposer sur notre site». Ces critères sont
: les compétences de l’équipe, la qualité de la présentation du projet, la capacité du projet à démarrer dans un
délai d’un 1 an et enfin, la capacité du projet à créer de la valeur.
Pour ce faire, en plus de notre service
de levée de fonds « MyfirstFunding », nous
proposons également différents services (MyFirstContact et
MyFirstMedia)
dont un accompagnement sur mesure en collaboration avec l’Agence Bruxelloise
pour l’entreprise ».
Au-delà donc de l’idée
géniale et de l’argent à ramasser, les plateformes qui offrent du crowdfunding
devraient s’adjoindre des expertises en accompagnement pour aider les
promoteurs à concrétiser leurs projets. Cela permettra à coup sûr de limiter
les échecs qui risquent de démotiver et de démobiliser des contributeurs dont l’ultime
satisfaction est de voir se réaliser des projets qu’ils ont soutenus.