Cela n’est sans doute pas nouveau mais depuis peu une avalanche de faits divers qui me fichent en rogne. Entre les dames patronnesses prétendues envoyées par la mairie pour s’enquérir de leur état au plus fort de la canicule, opérant selon un modus operandi déjà expérimenté par les faux techniciens envoyés d’EDF ou d’un opérateur téléphonique pour des contrôles, etc. les personnes âgées isolées sont les victimes toutes désignées des voleurs et des arnaqueurs de tout genre. Cette fois, cela se passe dans une maison de retraite où une pensionnaire a été dépouillée de 26.000 € (Nouvelle République 24 août 2012). « Par la si gentille secrétaire de l’établissement, si serviable et si prompte à s’occuper des papiers de la pensionnaire de l’établissement ». Surtout des chèques !
Elle les remplissait et la vieille dame n’avait plus qu’à signer. Bon. J’ai vu faire ainsi souventes fois et cela ne posait aucun problème. A ceci près que la secrétaire en question, notamment pour le chèque concernant l’hébergement dans la maison de retraite - connaissant les tarifs cela fait une sacrée somme - établissait deux chèques identiques dont un à son propre nom ! Sa « petite entreprise » n’aurait pas connu la crise si sa pensionnaire vache à lait n’était morte subitement en février 2010.
Patatras ! L’heure de la succession est arrivée et son neveu, un des héritiers, s’inquiète des bizarreries comptables constatées sur les relevés de la banque. Et pour cause ! En deux ans, la secrétaire avait tiré pour alimenter son propre compte 26 chèques pour un total de plus de 26.000 €. Il fallait sans nul doute qu’elle fût stupide ou plutôt acculée par des problèmes pour ne pas penser que le pot aux roses ne serait pas découvert tôt ou tard, sachant qu’il y avait des héritiers.
Elle vient d’être condamnée par le tribunal correctionnel à 9 mois de prison avec sursis - le procureur avait réclamé le double - car elle n’avait jamais eu maille à partir avec la justice. Elle travaillait sans avoir connu aucun problème depuis 24 ans dans cette maison de retraite tenue par des membres de sa famille. Elle a retrouvé un emploi et vendu sa maison car elle doit rembourser les 27.000 € à la succession de sa victime.
Le neveu de celle-ci s’est particulièrement distingué au cours de l’audience, intervenant sans cesse et posant des questions - pourquoi n’était-il pas représenté par un avocat dont s’est le rôle ? - au point d’agacer la présidente du tribunal. Tenant à dire son agacement devant ce qu’il considère comme une « chaîne de négligences »…
Particulièrement ridicule quand « Il s'étonne aussi de la manière dont les banques peuvent suivre, ou plutôt ne pas suivre, l'évolution des comptes de leurs clients les plus âgés, donc les plus vulnérables ». Les chargés de comptes dans les succursales des banques ne sont quand même pas des « nounous » ! D’autant que dans le passé ils restaient très longtemps en place dans la même agence et pouvaient donc nouer des liens plus étroits avec leurs clients alors qu’aujourd’hui nous assistons dans certaines banques à un turn-over très rapide. Deux ans au plus dans la grande majorité des cas.
Il n’est pas non plus très cohérent lorsqu’il reproche au directeur de la maison de retraite d’avoir affirmé que sa tante n’avait pas toute sa tête « Sur la base de quels critères se permet-il de dire cela ? » et qu’ensuite il affirme que « Vu la situation dans laquelle elle était, elle aurait dû être placée sous tutelle ». Preuve indéniable qu’il n’a pas dû s’occuper beaucoup de sa tante jusqu’à son décès et le règlement de la succession.
Le directeur qui doit vraisemblablement s’y connaître en matière de personnes âgées plus ou moins mentalement perturbées se fondait à l’évidence sur des critères objectifs aussi repérables que le nez au milieu de la figure. Ceci dit, il aurait dû alerter les membres de la famille de la vieille dame. Parce qu’il appartient en premier lieu à ceux-ci d’introduire une demande de mise en tutelle devant le juge des tutelles du Tribunal de grande instance, certificat médical à l’appui. Ce n’est que lorsqu’il n’y a pas de famille que le directeur de l’établissement constatant l’affaiblissement des facultés mentales fera les démarches nécessaires.