Cette étude du Centre Monell de Philadelphie révèle que l'exposition à la fumée du tabac diminue cette sensibilité qui suscite la toux en présence d'irritants respiratoires chez les enfants et les adolescents. Ces résultats, publiés dans l'édition du 17 août de la revue Tobacco and Nicotine Research, peuvent contribuer à expliquer pourquoi les enfants de fumeurs sont plus susceptibles de développer une pneumonie, bronchite et autres maladies respiratoires et d'expérimenter la cigarette à l'adolescence.
60% des enfants américains âgés de 3 à 11 ans et 18 millions de jeunes âgés de 12-19 ans, rien qu'aux Etats-Unis sont exposés régulièrement au tabagisme passif, rappellent les auteurs. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans le monde, 40% des enfants seraient exposés à la fumée du tabac.
« La toux protège nos poumons des menaces environnementales, comme les produits chimiques et la poussière. Vivre avec un parent qui fume affaiblit ce réflexe vital», rappelle le Pr Julie Mennella, biologiste et co-auteur de l'étude. Par ailleurs on sait déjà que les fumeurs adultes ont perdu en partie ce réflexe de la toux, ce qui signifie qu'il faut plus un niveau d'exposition et d'irritation plus élevé pour provoquer une toux chez les fumeurs. Ici, l'étude a porté sur 38 enfants en bonne santé âgés de 10 à 17 ans qui ont inhalé des concentrations croissantes de capsaïcine à partir d'un nébuliseur. La capsaïcine (du piment) est un stimulus chimique puissant pour la toux. 17 de ces enfants étaient régulièrement exposés à la fumée de tabac à la maison, 21 n'avaient jamais été exposés. Les parents ont également été « testés ». Le montant de capsaïcine inhalé a été augmenté après chaque inhalation jusqu'à ce que le sujet tousse 2 fois. La concentration de capsaïcine qui a fait tousser a été considérée comme le seuil de la toux du sujet. L'étude montre que les enfants exposés ne toussent qu'à un seuil significativement plus élevé que les enfants non exposés et sont donc devenus moins sensibles aux stimuli irritants de l'environnement. Le constat est identique pour les parents fumeurs.
Cette dépréciation du réflexe de la toux peut rendre les enfants exposés moins en mesure de faire face aux menaces environnementales et augmenter leur risque de développer une maladie respiratoire. Il est également possible que cela puisse augmenter le risque des adolescents de commencer à fumer grâce à une expérimentation « moins désagréable ». Cette diminution du réflexe de la toux est-elle réversible avec l'arrêt du tabagisme actif ou passif ? C'est l'objet des prochaines recherches envisagées par l'équipe.
Source: Tobacco and Nicotine Research Nicotine online August 17, 2012 doi:10.1093/ntr/nts198 Impaired Cough Sensitivity in Children of Smokers (Visuel © Hannes Eichinger - Fotolia.com)
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