A plusieurs reprises ces jours-ci, des journalistes me demandent – alors qu’on commence à faire une sorte de bilan de ma vie ! – si je regrette d’avoir emprunté tel ou tel chemin, de ne pas avoir emprunté tel autre qui s’ouvrait devant moi.
Pour “WAW”, par exemple, à paraître prochainement (ainsi qu’en vidéo sur leur site… Donc, bravo à ce média wallon enthousiaste, performant et fier de l’être), comme nous parlions du piano, on me demande si j’aurais aimé être pianiste. Si je regrette de ne pas l’être.
Je ne regrette rien. J’ai toujours considéré que les choix qui s’imposent à nous doivent être pris avec l’intuition du coeur, de l’âme. Et après coup, on découvre des raisons qu’on ne soupçonnait pas toujours. J’ai même parfois tendance à croire que les événements eux-mêmes provoquent notre choix.
Dans le cas du piano, j’ai raconté (par exemple sur scène dans “Mon jardin secret” avec Nara Noian) comment un jour, alors que je demandais à mon professeur de piano très strict si je pouvais m’exercer sur la partition piano d’une des chansons de Gilbert Bécaud (à ses débuts dans les années 50), il m’avait arraché des mains l’imprimé et l’avait déchiré en disant : “Vous ne jouerez pas un chanteur de rue !”. Cette intolérance (envers un musicien qui d’ailleurs avait réussi son Conservatoire classique à Nice, ce que mon professeur ignorait, ne se fiant qu’aux apparences) m’avait révolté et j’ai décidé d’arrêter cette étude musicale. Timide, je n’ai jamais osé avouer cette vraie raison de ma décision à mes parents ; ils m’auraient peut-être changé de cours, etc.
En y réfléchissant aujourd’hui, qui sait si cet “incident” n’a pas conforté une impossibilité pour moi d’avancer très loin dans ce domaine musical… Il me revient qu’on ne trouvait pas que j’avais des doigts de pianiste, par exemple !Autrement dit, le destin nous devance peut-être ?
Donc je le répète, je ne regrette rien. Je trouve que j’ai une chance inouïe d’avoir pu vivre bien au-delà des rêves que j’avais enfant. En réalité, mon seul désir était à l’époque d’écrire ; ce que je n’ai jamais arrêté de faire. Tout a été cadeau. Et sûrement, c’est l’amour, l’essentiel de mon existence, qui m’a guidé, secondé, soutenu ! Merci !
Souvent je pianote encore… avec un grand plaisir !