Dans mon nouveau polar qui se déroule en Seine Saint Denis, deux générations s’affrontent sur deux terrains bien distincts. Au cœur du commissariat, de jeunes flics face aux anciens et entre les blocs de bitume, de jeunes dealers face aux tôliers. Qui va l’emporter ?
A Saint Denis et au centre de ces conflits. Hachim, adolescent de dix sept balais, doué à l’école, passionnée de achipé achopé, à la carrière de journaliste promise, fout son avenir en l’air pour exister aux yeux du boss des blocs : Houssine. Le parcours doré du jeune bachelier va dévier, pour finir de manière surprenante et sans espoir. Une fin bien noire.
Mon second roman semble mettre en avant l’ado que j’aurai pu être, car lui et moi avons de nombreux points communs. La même culture. Les mêmes kiffes. Le même environnement. Les mêmes sons : « Time To Move » de Carmen, « Juicy » de Biggie, « That’s My People » de NTM. Il porte même le prénom que mon frère défunt, Hachim Santaki. Mais contrairement au jeune Hachim, je n’ai jamais rêvé de bizz, de kil et de Pitt. J’ai espéré ne pas voir mes parents séparés, espéré voir mon frère vivre, espéré peu, beaucoup désespéré sans me douter que l’avenir me donnerait tellement de belles choses.
Malgré cette scolarité écorchée, huit années de bouclages dans l’édition, un flot d’encre pour la publication de trois bouquins, j’ai vécu de purs kiffes grâce à la littérature. Ce trophée en décembre 2011 à Rouen, en compagnie de mon meilleur ami Kamel Amrane, ces lecteurs aux quatre coins de l’Hexagone, ces projets avec Mac Tyer et Pierre Lacan et d’autres « moment d’infini » comme dirait l’autre.
Des chiffres Et Des Litres, manuscrit, inspiré de « Boyz In The Hood », référence cinématographique pour une partie de ma génération montre la lutte fratricide entre les trafiquants, petits et grands. Il n’est pas question d’Haribo mais de bédo et de coke. La réponse est sans appel. La réponse se termine aussi tragiquement que le destin de Niki Santoro et son frangin, dans le désert de Vegas, à coups de battes et de pelles. La réponse à ces nombreux discours sur les quartiers est une immersion violente, cruelle, sans concession dans les bas fonds de Saint Denis. La réponse à ceux qui ne voient pas d’humains dans ces nombreux faits divers, les vivront et comprendront ce qui animent ces jeunes fougueux. Dans ce polar, il ne s’agit pas d’honneur mais de fric.
1998. Une période marquante pour plusieurs générations. Pour la mienne, la victoire des bleus, une France (ré)unie, un hip hop au top. Cette période n’a duré que quelques mois, il y aura le retour à la réalité et la chute de l’espoir. Ce roman, imbibé de HIP HOP, est bien sur et surtout ma réponse à ces auteurs qui n’assument pas le hip hop, en ont pris que la surface et pas une seule fois son contenu. Ces auteurs qui se prennent pour des élites, forcément quand on regarde de haut « les siens ».
Des Chiffres Et Des Litres m’a demandé des heures et des heures de promo, dans la rue, dans les écoles, les bibliothèques, les salons, le net et m’a donné un espoir, celui de tutoyer le titre le plus prestigieux pour un auteur de polar avec cette sélection pour le grand prix de littérature policière. Cette récompense serait la cerise sur le ghetto.
Des Chiffres Et Des Litres, confirme que sur le plan personnel malgré cette crise économique et sociale, cette misère de plus en plus importante, contrairement au parcours déchirés de mes personnages, mon horizon s’éclaircit. Avantage ou handicap ? Car pour écrire mes sombres histoires, j’aime broyer du noir…